Le déni d’humanité à Guantanamo

2 novembre 2005

Depuis maintenant 4 ans, environ 600 hommes, tous de confession musulmane sont détenus à Guantanamo, après avoir été capturés et transportés de force d’Afghanistan sur la base américaine située à Cuba.
Cette opération a été orchestrée dans la plus totale illégalité et sans que ses auteurs ne soient appelés à rendre compte.
L’humiliation, la violence, la torture, voire le blasphème constituent le menu quotidien de ces bannis.
Ainsi, ces personnes arrêtées par l’armée des États-Unis, sans preuve établie d’une culpabilité quelconque, sont privées de tout droit fondamental accordé à l’être humain par toutes les conventions internationales, sur décision du président Georges W. Bush.
Accusées de terrorisme par l’Amérique, elles vivent un drame épouvantable, indigne de ce 21ème siècle où il est plus facile à 150 pays de s’accorder sur le commerce (OMC) que de dénoncer les graves atteintes aux droits et à la dignité des humains de la part du plus fort d’entre eux.
Aussi étrange que cela puisse paraître, les 600 déportés de Guantanamo ne savent pas quelles charges pèsent sur eux.
Ils sont de ce fait, détenus dans le plus grand arbitraire ; en outre, sans droit de visite, sans droit de correspondance, sans pouvoir rencontrer leur avocat ni aucun membre de leur famille.
Bref, il s’agit d’un déni de droit absolu.
Guantanamo semble être une principauté barbare, hors la loi, à quelques encablures du siège de l’ONU, garante pourtant de la paix et du respect des lois internationales.
Aussi, étonnant que cela soit, les USA ne disposent d’aucun motif juridique valable pour justifier cette politique faisant fi du droit et violant tous les fondements du monde civilisé.
Si en principe, les relations entre les peuples et les hommes sont régies par le droit universel, force est de constater que les États-Unis se sont assis carrément dessus. Attitude qui rappelle celle appliquée avec constance et en toute impunité par Israël, allié et protégé des Américains au Moyen-Orient.
Cependant, le plus incompréhensible reste le silence des européens, autres civilisateurs des peuples.
En effet, imagine-t-on un comportement similaire, si les malheureux prisonniers de Guantanamo étaient juifs ou chrétiens ?
En tout cas, cet évènement enlève tout crédit ou presque à ceux qui ont proclamé combattre “l’axe du mal” et prétendu instaurer la liberté et le droit partout.
Si en France, des individus reconnus coupables, jugés et condamnés purgent leur peine avec l’espoir d’une libération, comment s’abstenir de toute réaction, face au désespoir de 600 hommes pour qui n’existent aucune procédure, aucune instruction sinon la torture, aucun procès sinon l’arbitraire ?
S’ils sont coupables (de quoi ?), qu’ils soient donc jugés comme tout être humain avec dignité. Mais si les USA ne savent pas quoi faire d’eux, pourquoi alors les maintenir dans cette situation inhumaine ?

Youssouf Mohamed
La Possession


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