« Le fuel plus précieux que la vie humaine... »

15 novembre 2008

Samedi 8 novembre, une ambulance du SMUR transportant un homme en état d’arrêt cardiaque se trouve bloquée au rond-point des Grègues à l’entrée de Saint-Joseph par deux poids lourds faisant partie de l’artillerie déployée par les transporteurs grévistes. Dix minutes, c’est peu, mais terriblement précieux lorsqu’il s’agit de sauver une vie humaine.
Ce qui s’est passé à Saint-Joseph est intolérable et témoigne de l’irresponsabilité de ceux qui prétendent avoir rendu service à la population réunionnaise. Certains auraient-ils du fuel qui coule dans leurs veines pour qu’un litre d’essence soit plus cher à leurs yeux que la vie d’un homme ?

Monsieur Mongin, qui s’auto-proclame défenseur des Réunionnais, devrait s’informer sur l’histoire de La Réunion et des vrais combats qui ont été menés ici dans notre île pour la démocratie et pour une vraie justice sociale dans l’intérêt du plus grand nombre. Cela l’amènerait, j’ose l’espérer, à un peu de modestie. Je ne sais quel but il poursuit, mais ce n’est pas en jouant au donneur de leçons, ni en insultant les élus et à travers eux la population qu’ils représentent que M. Mongin y parviendra.
L’attitude du préfet, garant de l’ordre public, n’est pas plus reluisante. Il a fait preuve d’une certaine complaisance à l’égard de transporteurs décidés à en découdre avec la Région et à paralyser l’économie de l’île.

Je ne peux m’empêcher de revenir quelques années en arrière lors de grandes grèves de fonctionnaires. Ceux-ci ont eu droit à des contingents musclés diligentés par Paris pour calmer leur mécontentement à grands coups de bombes lacrymogènes et de bastons. Je ne peux m’empêcher de penser à la répression brutale des forces de l’ordre contre les dockers en mars 1994 qui a failli coûter la vie à Théo Hilarion, aujourd’hui handicapé pour le restant de ses jours.
Pourtant, que je sache, ces grévistes-là n’ont jamais manifesté en empêchant les ambulances de circuler... Alors, deux poids, deux mesures ? La réponse de l’Etat est claire : selon qu’il s’agisse de patrons ou de travailleurs, les uns pèseront toujours plus lourds que les autres dans la balance.

Voilà ce que je retiendrai, en partie, de cette grève des transporteurs... Et puis, cet homme luttant entre la vie et la mort dans une ambulance coincée par deux poids lourds...

Claire Courtois,
Le Port

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