Le grain de riz contient deux fois plus de gènes que chez nous humains

14 septembre 2016, par Frédéric Paulus

Les études sur les différents génomes, riz compris, conduisent à un constat sidérant, qui bouscule, c’est le moins que l’on puisse dire, bons nombres d’idées reçues. Et par effet de dominos, des certitudes autrefois bien établies se déstabilisent provoquant une sorte de tsunami idéologique. En sollicitant l’humour de notre ami le Docteur Boris Cyrulnik, la « tribu des tout innés » se trouverait-elle perdante face à la « tribu des tout acquis » ?

Ce manichéisme des deux « tribus » est bousculé, faisant penser au Yin et au Yang. Il faut certes un gène pour constituer un fémur, mais il faut aussi des sollicitations environnementales pour stimuler sa croissance. La pédiatre et psychanalyste Ginette Raimbault (des « Enfants Malades » à Paris) avait soutenu la thèse que des enfants carencés sur le plan affectif pouvaient présenter un certain nanisme fonctionnel d’origine affectif et émotionnel générant des enfants de petites tailles, pouvant déjouer les probabilités statistiques par rapport aux tailles de leurs parents. Bien avant, le psychiatre psychanalyste Wilhelm Reich (1897-1957) évoquait la notion de rétrécissement (ou d’habitus) biopathique…

Depuis longtemps le Professeur Henri Laborit, initialement chirurgien gastro-entérologue (qui déplorait de devoir « couper des estomacs » ulcéreux) avait intégré cette part environnementale dans la codification génétique, dite de nos jours « épigénétique ».

Pas seulement les cellules osseuses, l’ensemble des cellules, mais particulièrement les neurones sont sujets à ces influences environnementales. Ils se connectent d’abord au hasard puis de plus en plus systématiquement, pour répondre à des sollicitations nouvelles (ou contraintes) modifiant épigénétiquement le développement de l’enfant et cela dès le troisième mois de gestation. Et comme ces alchimies d’émotions que sont les états mentaux des parents, qui sont aussi des états physico-chimiques, ceux-ci modifieraient l’environnement protoplasmique des neurones de leur bébé à naître.

Dès 1963 le Professeur Henri Laborit recherchait des régulations possibles liées au fonctionnement du noyau, il disait : « Si nous considérons celui-ci et la molécule d’ADN qu’il contient comme la forme la plus complexe et en conséquence essentielle de la vie, alors, comme nous l’avons constaté à degré d’organisation où nous avons appréhendé cette dernière, comme nous le constaterons encore aux degrés qu’il nous reste à envisager, ils doivent, pour assurer le maintien de leur structure, agir sur le milieu environnant, à savoir le protoplasme, pour assurer la constance de ses propriétés. Il s’agit là de la boucle rétroactive en réponse à l’action des variations physico-chimiques et énergétiques du protoplasme sur le métabolisme et l’activité fonctionnelle du noyau. Celui-ci, loin de rester le coffret soigneusement fermé où resterait emprisonné le matériel génétique, participerait alors de façon active à la fonction cellulaire , celle-ci n’ayant peut-être alors pas d’autres signification que d’assurer le maintien de la structure de ce noyau même », p. 57-58, « Du soleil à l’Homme, L’organisation énergétique des structures vivantes », (1963). (Souligné par nos soins). Au lieu de voir des codifications unilatérales du génome sur les structures et l’organisme dans son ensemble, il avait « forgé » la notion « d’information-structure » et « d’information-circulante » dans un rapport d’inter-influences structurelles et environnementales inter-mêlées.

Les sciences molles vont-elles devenir quelque peu dures et les sciences dures vont-elles devenir quelque peu molles ?

Frédéric Paulus – CEVOI


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