“Le grand départ” de Serge Ycard

18 août 2006

’Votre amitié est un bouquet parfumé qui entre dans ma chambre’.
’Je suis une feuille morte qui s’emporte au vent...’.
’J’ai été attaqué par la maladie le vendredi saint et maintenant je me ’pense’’ (p.a.n.s.e) épelle-t-il malicieusement malgré son état.

Ainsi parle le Docteur Serge Ycard entre poésie, humour et préparation au grand passage alors qu’il était cloué et paralysé sur son lit d’hôpital à Paris. Malgré l’épreuve, il analyse et fait son auto-diagnostic médical avec une rare lucidité, voilà, notre Président de l’Académie de La Réunion, ancien Président de l’Ordre des Médecins de La Réunion, un homme actif pour la reconnaissance des Lettres de son pays.

La Réunion est en deuil

Rappelons-nous de sa présence lors du centenaire de Charles Marie Leconte De Lisle à Saint-Paul, de l’inauguration de la bibliothèque Marc Henry Pinot à la Plaine des Palmistes, de l’inauguration de la bibliothèque Bleue Océane aux Avirons, à la présentation d’Arthur Biberon à Sainte-Marie, de l’hommage à Jacques Lougnon au Guillaume, de l’intronisation de Jacqueline Farreyrol à l’Académie réunionnaise "Arts et Lettres" à Saint-Denis.

Serge Ycard a été celui qui s’est le plus activé pour la reconnaissance de l’œuvre d’Auguste Lacaussade montrant la voie aux chercheurs. Il a été le premier à s’opposer pour des raisons éthiques au transfert des restes du Poète - il me l’a plusieurs fois confié d’homme à homme - et nous préparait un hommage du Poète avec P. Marek et l’intervention du gouvernement Polonais.

Il a accompagné de nombreuses autres œuvres : le Mémorial de La Réunion, des anthologies poétiques, préfacé le “Florilège palmiplainois”, “Si Saint-Denis m’était conté”, “Un Grand Créole Joseph Hubert” écrit par son collègue Gabriel Gérard, fait l’introduction de “Ti Krever” de David Huet, de “Clément Raimbault ou l’enfant du Bon Dieu” de Pascale Moignoux, “Le voile de la Mariée” de Dominique Dambreville, “Anna des hauts” roman de Claude Mignard-Moy De Lacroix ou “Leconte de Lisle et l’Inde” écrit par Sham’s et Antoine Pitchaya. Il alla lui aussi s’incliner discrètement devant la mémoire de Sarda Garriga.

Nous avons réalisé avec lui huit interviews radiophoniques de trois quarts d’heures chacune dans l’émission “Instant de bonheur” sur radio Arc-en-ciel et filmé des images fortes que nous conservons précieusement.

Serge Ycard s’intéressa jusqu’à sa fin à la destinée de son pays et de son île. Il fut interpellé par la pathologie du chikungunya.
Orateur hors pair, si comme bien des créoles, il pouvait être à ses heures susceptible, il subsumait tout cela avec talent par cette pointe d’humour qui, en final, laisse triompher un humanisme réfléchi.

La description de ses rencontres avec Raphaël Babet, les enfants d’Abdel Krim, Albert et Jacques Lougnon, les moines d’Espagne ou les pèlerins indiens de la grande péninsule étaient absolument remarquables.
Il comprit par “flash” le sentiment d’Orphée et son élévation dans sa recherche de compréhension d’un monde plus translucide. Désormais là où il est, il pourra reprendre son asymptote et souhaitons lui qu’il trouve ce chemin qui mène au ciel et qui fut celui de Frère Scubilion auquel il se confia.
"Macte animo generose puer sic itur astra !" disait Horace à son époque. Et son ami et collègue, Gilbert Aubry, intercédera en sa faveur par la prière dans la voie parallèle de ceux qui aiment... la beauté.

Dans ces instants de douleur que représente la perte d’un être cher, notre jeune compagnie adresse à son épouse, Mireille, à sa famille et à ses proches notre respect, notre affection et nos humbles prières de soutien.

Christian Vittori
Académie Réunionnaise
"Arts et Lettres"
Le 14 août 2006


Nos peines

o Benjamin Séraphin n’est plus

La section du PCR de Saint-Paul a appris avec consternation le décès d’un des siens, Benjamin Séraphin, à l’âge de 64 ans. Longtemps malade, Benjamin Séraphin s’est éteint mercredi soir vers 20 h à l’hôpital Gabriel Martin, où il venait d’être réadmis en soins intensifs.
Cette perte est ressentie avec une immense peine par les militants de Saint-Paul et, au-delà, par tous ceux qui l’ont connu et apprécié.
Cousin germain de Franck Séraphin, qui nous a quittés brutalement en janvier 2004, Benjamin était un militant de la même eau que son proche parent. Ceux et celles qui, comme la députée Huguette Bello - qui tient ses permanences hebdomadaires à Saint-Paul - l’ont beaucoup côtoyé, gardent de lui le souvenir d’un homme "toujours disponible et toujours prêt à rendre service". "Homme de parole, homme de conviction, il était quelqu’un en qui les gens des hauts de Saint-Paul se reconnaissaient" a déclaré hier la députée de la 2e circonscription. Plus de 400 personnes l’ont accompagné hier dans l’église de Saint-Gilles les Hauts, puis au cimetière de Villèle.
Benjamin Séraphin a été employé de commerce, toujours très proche des autres travailleurs, très présent à ses camarades. Ils disent volontiers de lui qu’"il a donné sans compter".
À sa compagne Emilienne et à leurs nombreux enfants, les camarades présents aux obsèques hier après-midi ont témoigné toute leur tristesse et leur solidarité. “Témoignages” s’associe à eux pour exprimer ses plus fraternelles salutations à la famille de Benjamin Séraphin et à ses proches.

o Raphaël Thazard n’est plus

L’autre peine de la journée est venue du quartier de Bouillon, la Grande Fontaine, où un autre grand camarade, Raphaël Thazard, est décédé à l’âge de 71 ans. Ancien docker, Raphaël Thazard était un militant de toujours, grand cœur, une présence inébranlable dans les mobilisations du PCR à Saint-Paul. Quoi qu’un peu fay-fay ces derniers temps, il passait toujours de temps à autre à la permanence, à bicyclette.
Il laisse une femme et six enfants, auxquels la section de Saint-Paul a transmis ses salutations attristées, à l’occasion des obsèques célébrées hier, en l’église de Saint-Paul. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre soutien et de notre solidarité.


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