Le mondial 2006

17 juin 2006

Des amis de Saint-André, de Saint-Denis, du Port, de Saint-Pierre et de Saint-Benoît s’étonnent de me voir être dans le Mondial comme tant d’autres de Réunionnaises et Réunionnais et de spectateurs de la planète et, l’ami de Saint-Benoît va plus loin en me disant : "Djibril Cissé est certes blessé d’une fracture du tibia-péroné, non par le joueur chinois Heng-Hi, mais il est tombé normalement et ce n’est pas la première fois que ce genre de chute lui arrive...". Mais il ne pleurera pas sur ce joueur, car "comme tant d’autres joueurs, ils sont surpayés et plus que surpayés." Son point de vue est honorable et j’en conviens qu’effectivement les joueurs sont payés à des prix irraisonnables, mais devant la douleur d’un homme, moi je m’incline.
Alors, la question qu’on se pose à tort ou à raison : pourquoi le Mondial m’intéresse ?
En premier lieu, je me suis toujours intéressé au Mondial. Je me rappelle avoir écrit, le 3 juillet 1990 dans la presse, un texte sur Roger Milla : Simple joueur de la Saint-Pierroise, il est appelé par le Président du Cameroun pour venir jouer dans l’équipe camerounaise au Mondial de 90. À l’époque, la presse mondiale a parlé de cet homme venant de Saint-Pierre de La Réunion... et Roger Milla a amené son équipe au quart de finale !
Je ne suis pas un fanatique de football... mais le Mondial c’est un temps de paix - tout au moins cela devait être entre les nations. N’est-ce pas le meilleur moyen, par le Mondial, de connaître les peuples de la planète ?
Ma fille, avec son programme par groupe, note tous les buts des perdants et des gagnants et ensemble, nous visitons le monde : les plus petits comme les plus grands. Chacun d’entre nous a son opinion, quelquefois ça diverge, mais le fait est là, on a sous les yeux la carte du monde. Les questions que l’on se pose : "Où se trouvent l’Angola, l’Equateur, la Colombie, le Ghana, la Corée du Sud, etc.?" En visitant ces pays par le biais du Mondial, nous profitons de l’occasion pour connaître l’histoire, la géographie, les populations qui y vivent.
Je souhaite aux jeunes, avec leurs parents, de participer à ce jeu du Mondial pour mieux connaître les peuples. Ce temps de trêve, de paix, au-delà des perdants et des gagnants est un moyen de se rapprocher les uns des autres.
Je vis ardemment ce Mondial. Je revois mon enfance, à l’âge de 10 ans, avec une bande de copains de la Rivière du Mât les Hauts, près de l’usine, nous avons défriché un terrain et nous avons monté une équipe de football. A tour de rôle, nous étions : centre, avant-centre, goal... arbitre.
Il ne faut pas que nous restions sur les gagnants ou les perdants, il faut que nous puissions aller au-delà. Pour répondre à mon ami de Saint-Benoît, tous les joueurs du Mondial ne sont pas millionnaires et c’est aux joueurs des pays pauvres que mes pensées vont. Les premiers résultats des “grands” qui ont gagné contre les “petits” ne dégagent aucun panache.
Quel que soit le résultat du Mondial, il y a qu’une seule victoire qui compte : le rapprochement des peuples. Une notion prônée de tous temps par toutes les obédiences religieuses, philosophiques et autres, sans jamais y parvenir. Là où elles ont échoué, le sport (en l’occurrence le football) pourrait réussir... avec le concours de tout un chacun.

Marc Kichenapanaïdou


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