Hôte du Sommet des Nations Unies sur l’océan, la France face à ses contradictions

Le Sénat vote contre la protection des océans

17 juin, par Rédaction Témoignages

Nous avions une occasion historique. Celle de montrer la voie, celle d’aligner nos grands discours internationaux avec la réalité de notre action au niveau national, a déclaré Mathilde Ollivier, sénatrice écologiste des Françaises et Français établis hors de France dans un communiqué, dont la suite est ci-dessous.

Ce soir, le Sénat a rejeté ma proposition de loi visant à instaurer une protection réelle et ambitieuse des écosystèmes marins. Un signal extrêmement préoccupant, alors même que la France prétend incarner une exemplarité environnementale sur la scène internationale avec la Conférence des Nations unies sur l’Océan à Nice.

Ce vote révèle un décalage profond entre les engagements affichés et la réelle volonté politique. Le Gouvernement et la majorité sénatoriale refusent d’avancer sur la protection des écosystèmes marins.

Ils ont fait le choix de rester dans le flou : un flou sur la définition française de protection stricte ; un flou qui permettra à des chaluts de fond de continuer de pêcher dans des zones soit-disant protégées ; un flou qui continuera d’alimenter un système injuste pour la pêche artisanale ; qui signera, à termes, la destruction complète de nos écosystèmes marins.

Alors que les chiffres scientifiques sont sans appel – 90 % des grands poissons ont disparu depuis 1950 et seulement 0,1 % des eaux hexagonales sont réellement protégées – mon texte proposait une réponse cohérente, équilibrée et applicable d’ici 2030.

Il visait :

  • 30% d’aires marines protégées dont 10% en protection stricte, c’est à dire sans activité extractive ou destructive.
  • Une stratégie nationale de transition des flottilles de pêche au chalut de fond
  • L’interdiction des méga-chalutiers de plus de 25m sur la bande des 12 milles, la bande côtière.

Cette loi s’appuyait sur des données solides, des retours de terrain, des expériences réussies d’aires marines protégées et une concertation approfondie. Elle aurait permis de créer un véritable cadre de confiance pour les pêcheurs, les citoyens, les collectivités et le monde scientifique.

Un rejet qui illustre les reculs écologiques en cours.

La situation est grave. Était-ce donc trop demandé ? Trop demandé que de sauver la pêche artisanale en lui donnant des zones exclusives ? Trop demandé que de protéger réellement les aires marines protégées ? Le Gouvernement et la droite sénatoriale nous a montré une nouvelle fois leur volonté de faire régner les intérêts économiques d’un petit nombre, des lobbys industriels, aux dépens de l’intérêt général.

Mais le combat continue, avec et pour celles et ceux qui vivent de la mer et qui s’engagent pour sa protection. L’océan est notre meilleur allié contre le changement climatique. Nous n’avons pas le droit de regarder ailleurs.

Mathilde Ollivier, à l’initiative de la proposition de loi : "Emmanuel Macron nous parle de protection stricte mais refuse de l’inscrire dans la loi. Derrière les belles paroles, le gouvernement recule déjà. Même la mesure de bon sens visant à interdire les méga-chalutiers près des côtes a été rejetée. C’est les pêcheurs artisans de Normandie et des Hauts de France qui subissent les conséquences de ces bateaux usines dans leurs eaux. C’est un scandale qu’ils choisissent de soutenir la pêche industrielle contre leurs propres pêcheurs".


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