Le virus et le vélo

17 juin 2020, par Philippe de Cotte

La période de confinement sanitaire, suspension des transports en commun oblige, a mis beaucoup de monde à vélo. Le rappel des sensations agréables et valorisantes, la saveur du temps gagné ont accéléré un phénomène déjà amorcé. Une sorte de culture du vélo s’est installée. Ses premiers effets sont visibles sur les pistes cyclables, sur les routes et dans les rues. Dans les grandes villes françaises, les aménagements cyclables se multiplient (qu’attendent nos maires réunionnais ?). Chez nous, bon nombre de vélocistes affichent une mine satisfaite : vélos à propulsion humaine et à assistance électrique se disputent le succès. Automobilistes et cyclistes que nous sommes tour à tour, il faudra bien partager la route… Le code de la route à tout prévu (il suffit de le relire).

Depuis sa naissance, le vélo ne s’est pas inscrit en marge de la société mais l’a accompagnée au fil de ses remous.
Durant la deuxième guerre mondiale, l’Europe entière se déplaçait à vélo. Le campionissimo italien, Gino Bartali surnommé « le pieux », acheminait pendant ses longues séances d’entraînement, de faux-papiers cachés dans les tubes du cadre de son vélo, destinés à des juifs cachés par le clergé. Cette prise de risque lui vaudra malgré son humilité, d’être reconnu après la guerre, parmi les Justes.
Plus tard, l’apparition des congés payés et des nouvelles libertés s’est faite à vélo.
Plus près de nous, autre période de pénurie, Mai 68. Qui n’a pas repris son vélo pour se déplacer ?

Aujourd’hui pendant le confinement, certains de nos champions cyclistes généreux comme Warren Barguil et Rémi Cavagna se sont investis dans le ravitaillement à vélo, des personnes isolées. Thibaut Pinaut à mis aux enchères son maillot porté lors de sa victoire du Tour 2019 au Tourmalet, au profit de l’hôpital de Vesoul.
Il est inimaginable que la filière sportive même à petite dose ne tire pas profit à terme, du retour au vélo.

Après la période de pénurie de compétitions et de sorties cyclos qui a généré beaucoup de long week-ends d’oisiveté mais aussi le bonheur de nos familles, les calendriers internationaux , nationaux et régionaux ont été compressés à partir de juillet, à l’issue de véritables casse-têtes pour les organisateurs : Les trois grands Tours (France, Giro, Vuelta), les grandes classiques du World Tour feront le spectacle. Chez nous, nos cyclos, nos cyclosportives fédèreront le cyclisme populaire et notre élite se mesurera sur l’Etoile de l’Océan Indien (du 11 au 13 septembre) et sur le Tour de La Réunion, versions élites, féminines et vétérans (du 24 octobre au 1er novembre).
Parions que piaffant d’impatience depuis trop longtemps, les coureurs et les cyclos vont aborder chaque course ou sortie comme des meurt-de-faim !

Les emplois induits par la pratique cycliste, les petites enseignes, les mécanos, les organisateurs d’événements, les animateurs, en grande misère pendant le confinement, ne connaîtront plus enfin le chômage partiel ou même total.
Vivons un Coronavirus (souhaitons le) maîtrisé), vivons surtout le virus du vélo !

Philippe de Cotte (C.R.P.V., Comité Régional de Cyclisme)

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Bravo pour ces lignes, toutefois, il faut préciser je pense certaines choses.
    Durant le confinement, il était interdit de prendre son vélo pour s’entraîner, aller faire des achats, ce que je n’ai toujours pas compris, concernant les téléphériques, pour celui de la ligne "Chaudron-Bois de nèfles", on pourra les mettre dans les cabines, un pour chacune des 48 prévues, pour remonter dans les hauts, si on est fatigué ou sans assistance électrique. Je pense que ce sera idem pour la 2de qui relira Bellepierre à la Montange, sans arrêt intermédiaire, dans des cabines cette fois-ci de 50 places. Début des travaux bientôt. Pour la 1°, c’est déjà lancé, et on peut aller voir la cabine n°1 à la Cinor, posée au sol. Espérons que celui envisagé entre St Leu et Cilaos, = 25 Km environ à vol d’oiseau se réalise vite ! Quand on pense que des automobilistes ne sont pas du tout génés de rouler pour faire 100m et qui n’hésitent pas à se garer aux places réservés aux handicapés, il y a du boulot à faire, changer les mentalités. C’est comme pour les déchets, qui encombrent rues, plages et ravines, effarant ! Ensuite , on s’étonne de la dengue...

    Avec le train, le tramway, ce sera top, enfin. Les gramounes se souviennent du CFR avec nostalgie, on les comprend. Pour ma part, je suis pour que l’on multiplie les pistes cyclables, et que l’on rende le centre ville interdit au voitures, sauf les taxis, les livraisons, les handicapés, car se garer, c’est infernal, cher, et encombrant. En fait, les décideurs devraient demander des avis, des conseils, faire des réferendums et se mettre à notre place, soit : j’arrive, j’ai aucun repère, j’en cherche, et qu’est-ce que je vois, de moche, de bien, à faire ou refaire ?

    Des poubelles qui manquent, il en faudrait à chaque arrêt de bus, et de tram plus tard, bien sur, comme les téléphériques, pour trier papier, verre, plastiques, papier à recycler, comme les piles usées aussi.
    Des arbres, pour leur ombrage, l’esthétique, pourquoi pas des fruitiers, puis pour lutter contre les gaz, des fleurs aussi.
    Des espaces verts, jardins partagés en ville, des murs, des toîts végétaux. Des jardins éphémères comme sur le terrain du parc de l’océan qui se fait attendre, avec encore des magasins, des revendeurs, des boutiques qui vendent des produits importés, qui donc ont pollué encore un peu plus la planète.
    Des bancs publics pour voir la vie se dérouler, s’embrasse sans être obligé de devoir aller dans un bar pour une fois encore consommer.
    Des trottoirs propres sans trous béants, qui font parfois chuter au sol, des plaque d’égout encombrées, parfois même bouchés, condamnées volontairement par des barres de métal soudées !
    Des animations, surtout les dimanches car St Denis, les autres centre-villes aussi, c’est mort !
    Qu’en pensez-vous ? Les élections approchent, c’est le moment, ensuite, il faudra de nouveau attendre 6 ans, soit 2026, il y aura eu entre temps les régionales, les départementales et les présidentielles de 2022. Arthur qui tousse fait des zigzags en vélo pour dépasser les autos.


Témoignages - 80e année


+ Lus