Les comiques à la télé

26 juillet 2006

Pour la ménagère de moins de 50 neurones, ce qui constitue l’intérêt majeur du journal télévisé, c’est l’apparence de son présentateur. Ainsi, les magazines ont à cœur de nous présenter le petit nouveau de TF1, Harry Roselmack, en insistant sur une phrase : "je n’ai pas été recruté parce que je suis noir".
Donc ça s’améliore, car il y a peu encore, on aurait mis une virgule au milieu de la phrase, ce qui en aurait inversé le sens.
Un autre Noir fait la une des magazines, c’est Anthony Kavannagh. Il va animer “Dancing show”, non pas parce que les Noirs ont le sens du rythme, mais tout simplement parce qu’il est un grand professionnel du spectacle.
Il est aussi Canadien, même s’il n’a pas l’accent québécois.
De même, on peut être noir et ne pas aimer le manioc (lire ce génial bouquin !), Breton sans aimer les crêpes, Belge et détester les moules, Créole sans aimer le riz chauffé, Chinois sans aimer le riz cantonnais, surtout quand on est... Pékinois. Mais n’entrons pas dans des sujets qui fâchent les intellectuels, sinon y en a pour un mois de polémique dans le courrier des lecteurs.
Revenons donc à des choses joignant le futile à l’agréable, et parlons encore de discrimination positive avec Djamel Debouze qui, pour sa part, fait découvrir sur Canal Plus des jeunes talents comiques des banlieues. Il peut être rassuré : il y a déjà pas mal de talents "issus de l’immigration" comme disent les politiques. Ainsi, Gad Edmaleh, Élie Semoun, Éric et Ramzy, Dieudonné... (non, pas lui !), Nicolas Sarkozy...
À propos d’humour, on a pu voir l’autre jour sur Paris Première des sketches affligeants de chansonniers tous bien Français de souche depuis 3 générations, eux, mais particulièrement ringards, mis à part peut-être Jean Amadou qui possède de la culture et un humour fin, exprimé dans un français littéraire qu’on ne rencontre plus guère que chez Philippe Bouvard. Mais c’est vrai qu’il est normal qu’ils maîtrisent la langue de Molière, puisqu’ils ont dû naître à peu près à la même époque.
Il y avait aussi Bernard Mabille, ancien auteur de Thierry Leluron. On comprend pourquoi il ne disait pas lui-même ses textes sur scène : voilà un type qui n’a pas arrêté depuis les années 7O de se moquer des tares physiques des vedettes via la bouche de Thierry Leluron ! Quand tu vois la gueule qu’il a, tu comprends qu’il ait voulu se venger !
Il y avait aussi un jeune (la cinquantaine), Jean Guidoni. Il est d’ailleurs venu à La Réunion, il y a un ou deux ans. Vous avez oublié ? c’est normal ! Lui, sa cible, ce sont les jeunes des banlieues qui parlent mal et mettent des pantalons ultra larges avec la braguette aux genoux. Et le vieux réac de les imiter en prenant des postures de singe, sous l’œil vitreux du public de 3ème âge tendance Front national et dégarni, applaudissant à s’en rompre le col du fémur.
(Quand on voit ça, on se dit qu’il n’y a pas encore assez de canicule en France, mais ne généralisons pas !)
Et, cerise sur le gâteux, Jacques Mailhot. Lui, c’est clair, il a été adhérent au FN. Ça se sent encore dans la manière dont il parle des Noirs et des banlieues.
Voilà tout ce qui reste des Trois Baudets, ou du théâtre des Deux Anes, paradis des chansonniers dans les années 50 ! Des gens qui avaient de l’esprit, et dont il ne reste que 3 vieux baudets et 2 ânes pelés annonçant leur haine (et surtout leur méconnaissance) de la jeunesse, avec leurs blagues à 2 francs d’avant guerre, devant un public qui, heureusement, sera mort de vieillesse d’ici peu !

Alain Bled


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