Les paille-en-queues savaient...

18 avril 2006

Le dimanche 19 mars, en passant sur notre route du littoral, j’ai constaté un comportement anormal des paille-en-queues. Très nombreux, plusieurs dizaines, ils formaient un large cercle qui tournoyait au-dessus de la circulation automobile. Cela se passait vers la fin de la route en corniche, quand, venant de Saint-Denis, on arrive à La Possession. Cinq jours plus tard la falaise s’écroulait dans cette zone de la route. Aucun rapport me direz-vous. Et pourtant, si les paille-en-queues savaient ? En tout cas, il ne semble pas qu’on en ait beaucoup retrouvé écrasés sous l’éboulis. Mais pouvait-on les y repérer ?
Déjà, on peut penser que ces oiseaux ont pu entendre, grâce à leur sens de l’ouïe développé, les craquements annonçant l’éboulement. Mais il y a mieux.
Ainsi, on peut lire dans le numéro 415 de Sciences et Avenir de septembre 1981 que "l’on a découvert récemment des particules ferro-magnétiques dans le cou des pigeons voyageurs. Ainsi a été confirmée la sensibilité de ces oiseaux au champ magnétique terrestre. Car si les ornithologues connaissaient les possibilités d’orientation des oiseaux, ils en ignoraient jusqu’ici l’une des composantes principales. Cette sorte de boussole qu’ils viennent de déceler leur permettra d’élucider bien des énigmes ...". Pourquoi nos paille-en-queues ne seraient-ils pas également porteurs de telles particules ? Certes, on ne connaît pas de paille-en-queues voyageurs au sens où l’entendent les colombophiles, mais bien des oiseaux marins sont dotés d’un sens de l’orientation évident et nos paille-en-queue pourraient bien être sensibles au magnétisme terrestre. Oui, et alors ? Me direz-vous.
Eh bien, à propos du magnétisme terrestre, on peut lire, sur le site de l’Institut de Physique du Globe de Paris qui surveille notre volcan, que "d’autres sources de variations du magnétisme terrestre sont la circulation de fluides dans le massif, comme l’infiltration de la pluie, un changement de la nappe phréatique, les circulations hydrothermales...". Il est donc probable que les infiltrations d’eau dans les roches de la falaise et le commencement de mouvement ont provoqué une variation de magnétisme perceptible par les oiseaux. D’où leur agitation et leur message subliminal à des automobilistes bien indifférents.
Quoi qu’il soit décidé dans trois mois, il faudra bien continuer à utiliser cette route pendant plusieurs années. Pour surveiller la falaise, on pourrait imaginer de poser des extensomètres, des “distancemètres” ou encore des inclinomètres, tout comme au volcan. Équipements coûteux, probablement perturbés par la circulation en contrebas, dont on ne peut préjuger de l’efficacité. Alors, pourquoi ne pas s’intéresser un peu plus à nos amis les oiseaux en trouvant un dispositif d’observation-communication à inventer. Alors, mesdames et messieurs les ornithologues, à vos plumes !
Pour ma part, je suis persuadé que les paille-en-queues savaient...

Charles Durand
Le Brûlé - Saint-Denis

P.S. : pour les lecteurs intéressés, l’adresse du site de l’IPGP est http://volcano.ipgp.jussieu.fr/reun...


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