Ou « Un Judas moderne qui a vendu le peuple aux puissants »

Les secrets du plus grand criminel en col blanc enfin dévoilés

25 août 2020, par François Maugis

Un ambitieux sans scrupules a passé sa vie à vendre aux puissants de l’économie et de la politique, le moyen de manipuler le peuple. Cet outil d’une perversité inouïe, issu des travaux de son oncle Sigmund Freud, ont permis, dans les années 1920 – 1950, le développement de la corruption dans le monde entier.

L’activité criminelle d’Edwards Bernays a commencé en 1928 avec la publication de son premier livre : « Comment manipuler l’opinion en démocratie ». Alors que les humains ne demandent rien d’autres que de vivre en harmonie avec leur territoire et leurs semblables, Bernays invente la manipulation des foules et ce qu’il appelle la « fabrication du consentement ». Selon ses propres termes, il s’agit de « Dompter cette grande bête hagarde qui s’appelle le peuple, qui ne veut ni ne peut se mêler des affaires publiques et à laquelle il faut fournir une illusion ». C’est ainsi qu’aux États-Unis, il permit à une minorité de manipuler à sa guise la majorité d’un peuple, dans l’unique but de s’enrichir.

Elle s’est terminée en 1954 par son activité propagandiste dans le domaine de la géopolitique et s’est exprimée dans le soutien à la multinationale United Fruit Company (aujourd’hui Chiquita Brands International) et au gouvernement des États-Unis pour faciliter la réussite du renversement du président démocratiquement élu au Guatemala. L’agence de presse « Middle America Information Bureau » de Bernays présenta le président Jacobo Árbenz Guzmán comme un communiste. Cette propagande est relayée dans la plupart des médias américains.

D’après la biographie de Bernays par Larry Tye, l’expression « république bananière » est née au début du xxe siècle en référence à la domination de cette société sur des gouvernements corrompus d’Amérique centrale. En s’attaquant à la politique, il a perverti les démocraties pour faire plier les volontés des masses aux desseins des élites, en toute non-violence. Il a su exploiter les avancées apportées par son oncle, ainsi que le rayonnement scientifique de ce dernier dans le domaine de la connaissance de l’irrationalité, à des fins économiques idéologiques et politiques.

Sa discrétion dans notre paysage culturel actuel est inversement proportionnelle à l’ampleur de son influence. Même dans les agences de pub ou dans les services de relations publiques, son nom est presque inconnu, tout du moins en France. Il faut dire qu’il était un fervent partisan d’une « gouvernance de l’ombre » et ses écrits ne tarissent pas sur ce sujet. « Créer du besoin, du désir et créer du dégoût pour tout ce qui est vieux et démodé » furent un de ses leitmotiv. « Fabriquer du consentement » et « Cristalliser les opinions publiques » furent les titres de 2 de ses œuvres écrites.

C’est probablement à lui, en grande partie, que l’on doit l’emballement de l’économie mondiale, la destruction impunie de la planète, le réchauffement climatique. En masquant au peuple les véritables intentions des multinationales, en développant d’une manière outrancière la société de consommation grâce à une publicité omniprésente et manichéenne, les outils pervers de Bernays ont permis de faire basculer l’humanité dans un monde de plus en plus inhumain. Voilà une autre statue qu’il serait bon de déboulonner.

François-Michel Maugis

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