Lettre à Monsieur Le Président de la République

3 août 2004

Monsieur le Président,

Profitez de la vie, profitez de vos vacances dans cette belle île, dans ce beau département français d’outre-mer qu’est La Réunion. N’oubliez pas cependant, au-delà des visites protocolaires, de vous intéresser à la situation économique et sociale. Les manipulateurs de données statistiques ne manqueront pas de vous raconter que la situation s’améliore et que tout va bien dans le meilleur des mondes. Cette image idyllique ne correspond pas à la réalité.

En effet, malgré un taux de croissance supérieur à celui de la Métropole, malgré une bonne dynamique dans la création d’entreprises, La Réunion bat tous les records en matière de chômage et plus d’un jeune sur deux qui arrive chaque année sur le marché du travail ne peut en trouver un dans son département. La logique voudrait que les emplois créés soient attribués en priorité à ceux qui résident à La Réunion. Malheureusement, il n’en est rien, et le gouvernement ne donne certainement pas le bon exemple.
Dans la fonction publique, les nombreux emplois libérés suite aux départs à la retraite de Réunionnais sont attribués à des fonctionnaires mutés de la Métropole.

Dans notre secteur d’activité, le ministère de la Défense affiche sa volonté depuis plusieurs années de mener une politique qui contribue à résorber le chômage dans les départements d’outre-mer. En réalité, les postes libérés par les ouvriers d’État réunionnais sont attribués à des mutés de la Métropole. Sincèrement, pensez-vous que la priorité est de muter des ouvriers depuis la Métropole, dont les salaires sont majorés de 63%, qui bénéficient des frais de déménagement, de transport, d’un logement baillé par la Défense etc, alors que le statut d’ouvrier d’État permet un recrutement par établissement et donc local.

Lors de la crise de la sidérurgie en Lorraine, des mesures exceptionnelles ont été décidées, et personne n’a trouvé à redire. À La Réunion, lorsque l’on ose réclamer des mesures de discrimination positive vis à vis des Réunionnais, on est taxé de raciste, de xénophobe... Si un département métropolitain avait un taux de chômage de 30% vous diront les optimistes, et 37% les réalistes, il y aurait longtemps que des mesures exceptionnelles auraient été prises.
Le combat que nous menons à la CFDT n’est pas un combat contre les mutations de métropolitains, notre combat c’est celui qui consiste à attribuer, à chaque fois que l’on peut le faire, l’emploi à ceux qui vivent dans le département.

Patrick Beyronneau
Secrétaire Départemental
Syndicat du personnel civil des armées CFDT


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