Lettre ouverte à notre nouveau préfet

23 septembre 2004

’J’ai été contraint par la force des choses à subir ce système d’assistanat que les gouvernements successifs n’ont fait qu’entretenir’ raconte un père de famille.

Malgré tout le respect que je vous dois, chômeur de longue durée, je ne peux rester sans réaction devant les propos que vous avez tenus et qui ont été relatés par la presse de ce mercredi 22 septembre 2004 et qui cite, que selon vous, les Réunionnais doivent passer d’une culture d’assistanat à une logique de responsabilité.
À vous entendre, Monsieur le Préfet, c’est nous qui ne mettons aucune volonté pour nous insérer.
Chômeur depuis plus de dix ans, suite à un incendie criminel non élucidé par les services de l’État et qui détruit mon entreprise en nom propre, j’ai été contraint de subir une faillite dont je n’ai pas à vous détailler les conséquences. Aussi, je me demande quelle est la logique de vos propos.

En effet, père de deux enfants et sans aucun revenu, j’ai été contraint par la force des choses à subir ce système d’assistanat que les gouvernements successifs n’ont fait qu’entretenir pour nourrir leur clientélisme électorale par des promesses de campagne. Depuis 10 ans, je me bats pour une véritable insertion et aucune structure n’a été en mesure de me soutenir pour un vrai contrat d’insertion.

Porteur d’un projet d’insertion par une activité économique, j’ai alerté les services de l’État, preuve à l’appui sur les dysfonctionnements qui existent au sein des structures qui ont été créées pour nous appuyer dans notre parcours d’insertion et dont les portes nous sont ouvertes pour des soutiens financiers sous formes de prêts bancaires accessibles aux chômeurs qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques.
Or à cette date, (...) aucune de ces structures n’est plus capable d’assumer son rôle seule et (elles) sont contraintes selon elles par manque de fonds de faire appel aux banques classiques.
Pour obtenir un prêt, nos dossiers doivent subir le passage décisionnaire de quatre commissions et le comble de l’histoire c’est que pour trois commissions, les mêmes personnes se trouvent réunies autour d’une table afin de décider qui doit continuer à vivre et qui doit continuer à subir son agonie.
Le dernier pouvoir décisionnaire étant réservé aux banques seules, connaissant frilosité des banquiers face aux nouvelles entreprises et surtout par les contraintes en garanties que nous sommes contraints d’apporter pour accéder à un prêt, nous sommes de plus en plus sceptiques sur l’aboutissement positive de nos demandes.
C’est pourquoi, Monsieur le Préfet, vos propos étant pour nous une goutte qui fait déborder le vase, nous vous demandons aujourd’hui une clarification sur les missions de ces structures à vocation d’économie solidaire, lesquelles avec les années d’existences réagissent surtout comme des structures qui ne visent que les profits.
Oui, Monsieur le Préfet, il y en a marre des promesses non tenues, il y en a marre de ces structures qui ne remplissent plus leurs missions et qui sont sous votre autorité. C’est pourquoi, malgré tout le respect que je vous dois par votre fonction, je vous saurai gré de respecter nos droits de citoyens et de balayer devant votre porte avant de nous taxer d’assistés.

Un chômeur actif
Ibrahim Randera


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