Lettre ouverte au Président

31 juillet 2004

Il y a eu la première puis la deuxième guerre mondiale. Si l’espèce humaine n’en souhaite pas une troisième, il faudrait qu’enfin elle se concerte et qu’elle agisse une nouvelle fois.

La destruction des deux tours du W.T.C. n’est pas une réponse directe à la chute du mur de Berlin, mais la lutte Est/Ouest, Nord/Sud, Riches/Pauvres ou Juifs/Chrétiens/Musulmans, pourrait bien le devenir si les citoyens du Monde laissent se développer les souches de haine qui subsistent encore en de nombreux endroits de la planète.

Il y a toujours eu des barbaries sur cette Terre mais jusqu’à une époque récente, le Barbare, c’était l’autre, le voisin d’en face qui menaçait de traverser la rivière, la montagne pour voler nos biens, violer nos femmes ou assassiner nos enfants.
Autrefois, nous ne connaissions pas ce barbare menaçant et fatalement, il nous faisait peur. Aujourd’hui, grâce au fantastique développement des communications et des transmissions en tout genre, nous savons tout sur tout le monde, ou nous pouvons le savoir sans difficulté. Parce que nous connaissons mieux l’inconnu, nous ne pouvons plus le détester autant et nous le craignons beaucoup moins.

Si la haine persiste encore aujourd’hui, ce n’est plus la peur de l’inconnu qui l’inspire mais la peur de manquer. De peur d’être trop maigre, nous sommes devenus presque tous obèses. En nous souvenant de la grenouille de La Fontaine, nous allons peut-être réaliser un jour, qu’avant d’atteindre la taille du bœuf, il y a un très fort risque d’explosion.
Pour la paix du Monde, il serait sans doute plus utile de se révolter contre l’injustice que contre le terrorisme. Mais faire semblant de ne pas comprendre cette logique permet encore à certains barbares modernes de s’approprier la Terre et ses richesses.

Monter le terrorisme en épingle et, au besoin, jeter de l’huile sur le feu, permet à la fois d’endosser le masque de la bonne conscience et de continuer cet enrichissement barbare.
Si nous le voulions tous, il serait si simple de distribuer plus équitablement un peu de notre Terre aux Juifs et aux Palestiniens, il serait si simple d’échanger le pétrole des Musulmans contre un peu de bonheur et de dignité. Au lieu de cela, le monde occidental s’enfonce un peu plus chaque jour dans l’indignité du marchandage financier et de sordides guerres économiques ou militaires lâches et hypocrites.

Élargir l’Europe serait une bonne chose si cette idée était sous-tendue par le souffle du partage et de la solidarité mondiale.
La fierté d’être la plus forte pour pouvoir ainsi s’affronter victorieusement avec le Nouveau Monde ou gagner, je ne sais quelle guerre économique, ne fait qu’envenimer l’atmosphère déjà très délétère de notre pauvre planète.

Délocaliser pour partager le travail serait une bonne idée si cela était fait de façon équitable. Mais où va l’argent économisé lorsque l’entreprise recrute un jeune ingénieur indien payé dix fois moins cher que son homologue français ? Et si l’on ne veut parler que de la gestion économique du Monde, où va l’argent économisé grâce à l’augmentation des rendements et de la productivité depuis plus de cinquante ans ? Taxer les mouvements de capitaux est sans doute mieux que rien mais je doute fort que par ce seul moyen, ATTAC ou Monsieur Tobin puisse combler le gouffre qui se creuse chaque jour davantage entre les riches et les pauvres.
Tant que “faire des affaires” sera plus important que “faire le bonheur des humains”, il ne sera évidemment pas possible d’arrêter la spirale infernale qui nous conduit vers la troisième guerre mondiale, c’est-à-dire l’apocalypse.

Il faudrait une fois pour toutes se persuader que partager plus équitablement la planète est la condition “sine qua non” d’une paix durable. Les atermoiements de toute nature qui freinent ou empêchent ce partage ne font qu’accumuler les haines et les ressentiments de plus de la moitié de la planète. Le seuil critique d’un risque d’explosion mondiale est donc déjà franchi.

Sauf à accepter le scénario catastrophe qui prévoit la disparition de l’espèce humaine, il faudrait envisager l’autre solution : reconstruire rapidement ce que l’être humain a détruit et tendre de toutes nos forces d’humains vers le rétablissement des grands équilibres de la vie sur Terre.

L’imagination nous a fait faire n’importe quoi, l’intelligence doit éclairer nos consciences et construire une sagesse adaptée au monde merveilleux qui a vu naître l’espèce humaine.
Sans doute pour expliquer ses folies, le grand philosophe Robert Musil pense qu’elle n’a pas encore atteint sa maturité. D’autres auteurs plus pessimistes pensent qu’elle l’a dépassé. Si l’intelligence est une faculté d’adaptation, elle saura survivre. Dans le cas contraire, l’espèce humaine doit craindre le pire.

Sam Arcande,
La Réunion


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