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4 mai 2006
Que ce soit à propos du Vendredi saint ou de la construction d’une mosquée à Mayotte financée par des fonds publics, il apparaît que si tout le monde souscrit au grand principe de la laïcite de l’État, bon nombre de décideurs ont des difficultés à tirer de leur engagement laïc toutes les conséquences qui en découlent. Aussi, nous, Francs-Maçons de “la Sincérité Parfaite” - loge du Grand Orient de France - jugeons indispensable de sortir de notre discrétion habituelle pour affirmer notre attachement à la laïcité.
La loi de séparation des Églises et de l’État du 09 décembre 1905 - fondatrice de notre République - est issue des travaux législatifs qui prennent leurs racines dans les cahiers de Condorcet et se poursuivent dans l’écriture des lois de la 3ème République avec Jules Ferry. Elle s’appuie :
- sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et notamment son article 10 : "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public",
- sur le Décret de la Commune de Paris (1871) : "le premier principe de la République française est la Liberté. Considérant que la liberté de conscience est la première des libertés, ... le budget des cultes est contraire à ce principe puisqu’il impose les citoyens contre leur propre foi..."
Cette loi dont Aristide Briand était le rapporteur avait reçu le soutien de célèbres catholiques comme Lamennais, Montalembert et Lacordaire, soucieux d’assurer la pleine liberté de l’église en la soustrayant au contrôle de l’État. Les deux premiers articles de la loi sont suffisamment clairs pour tout dire :
Article 1er : "La République assure la Liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions éditées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public."
Article 2 : "La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’état, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes..."
Cette loi a pour but de placer églises et religions dans le droit commun applicable à tous. Cette idée, dans sa philosophie actuelle est unique en Europe et plus largement dans le Monde (seul le Mexique peut être cité). Certains voudraient la réécrire. Cela nous paraît dangereux.
C’est pourquoi nous, Francs-Maçons du Grand Orient de France, prenons la parole aujourd’hui. Nous affirmons que la Laïcité n’est pas une opinion, c’est au contraire la liberté d’en avoir une. La Laïcité est un engagement culturel collectif, un engagement social, philosophique et politique.
Ce qui fait la spécificité du Grand Orient de France :
- C’est notre engagement social dans la cité des Hommes.
- C’est notre participation active à la République de 1848, dite République maçonnique.
- C’est l’abolition de l’esclavage, préparée par les Francs-Maçons du Grand Orient de France, comme Victor Schoelcher qui a porté et obtenu le vote de la loi en 1848, promulguée à la Réunion par Sarda Garriga lui aussi Franc-Maçon.
- C’est la Commune de Paris en 1871 avec les participations des loges du Grand Orient de France.
- C’est le principe de Laïcité mis en place au Grand Orient de France dès 1877, soit près de trente ans avant le vote de la loi de 1905, loi préparée par 90 parlementaires Francs-Maçons.
- C’est encore les lois, préparées par des parlementaires francs-maçons, sur la contraception, le planning familial, sans oublier les congés payés !
- C’est aussi le lourd tribut payé par nos frères persécutés par le nazisme et toutes les autres dictatures du 20ème siècle.
Voilà pourquoi nous sommes fiers d’être francs-maçons.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, nous affirmons que la Laïcité c’est l’Avenir, c’est l’Universalisme. C’est l’occasion pour notre République de reprendre, dans le concert des nations, sa place tant enviée par les peuples en lutte pour leur dignité, pour leur Liberté, pour l’Egalité et la Fraternité.
Ne touchez pas a la loi du 09 decembre 1905.
Les Francs-Maçons de la loge “la Sincérité Parfaite” du Grand Orient de France
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