Liberté de conscience et examen de conscience

29 mars 2005

(Page 10)

L’esprit humain sincère et loyal est frappé par le fait religieux et désire en connaître la raison d’être et la valeur. Sans s’aventurer, faute de compétence, dans le vaste domaine de l’Apologétique, l’on se laisse surprendre parfois, interrogateur ou songeur, sur certaines ardeurs qui tendent à circonscrire notre humanisme traditionnel dès lors fermé à l’idée d’une laïcité modernisée et qui reste encore à inventer. Depuis que le monde est monde, en effet, a-t-on pu démontrer que l’intelligence des humains est dépourvue d’un certain sentiment de la causalité, d’un sens de la liaison des choses ?
Comme tout se tient, est-il possible de nier que notre civilisation se caractérise aussi par une certaine angoisse spécifique (harcèlement... stress ?), née essentiellement des conséquences des actes humains ? Ainsi, à travers la révolution de mai 1968, nous avons hérité d’une autre approche de la vie traduite dans nos attitudes où nos comportements vis-à-vis des religions, de l’autorité, de la famille, de la culture... N’oublions pas ses libérations, y comprise celle de la femme.
Ici, rien de nouveau sous le soleil : faut-il rappeler, brièvement, la faiblesse de Salomon pour l’idolâtrie à la fin de sa vie, elle-même fruit de ses innombrables amours : Les femmes détournèrent son cœur vers d’autres dieux et son cœur ne fut pas tout entier à Yahweh ! (I Rois XI, 4)...
Nous savons discerner l’aspect du ciel ; mais les signes des temps (pas encore ceux de la fin du monde), nous ne le pouvons encore, semble-t-il ! C’est normal, dans la mesure où nous ne purifions pas d’abord le dedans de la coupe, afin que le dehors aussi en devienne pur. ( Mat. XXIII, 26 ). Ajoutons-y : "Non, la circoncision n’est rien, l’incirconcision non plus ; ce qui compte, c’est d’être une créature nouvelle." (Gal. VI, 15).
Certains profiteront de la période pascale pour une révision plus ou moins approfondie dans ce sens. Pourquoi d’autres le leur reprocheraient ? Cela ne serait pas fondé et irait à l’opposé de l’esprit de tolérance qui nous porte à respecter l’intimité d’autrui.
Les acquisitions et leurs modes de transmission étant remises en question, si une nouvelle maïeutique s’impose, à la naissance de notre millénaire, il conviendrait que nos constructeurs aillent plus loin que leurs devanciers en exigeant en liminaire que notre humanisme sera tout à la fois une histoire continue et un devenir. Le tout, en d’autres termes, réclamant une synthèse permanente par l’intégration des concepts nouveaux dans la culture traditionnelle. Sans quoi, comment s’acheminer efficacement vers une morale universelle du contrôle du progrès ?
Dans un article inédit sur Dieu, Jaurès, à la fin de sa vie, écrivait magnifiquement : "... Il y a au contraire, quelque chose de religieux dans la conquête de la nature par l’Homme, dans l’appropriation des forces de l’univers aux besoins de l’humanité. Non, ce qui est irréligieux, c’est que l’Homme ne conquiert la nature qu’en assujettissant les Hommes..." (“Le matin de magiciens” - Gallimard, 1964, texte intégral : p. 504).
Un humanisme moderne ne devrait-il pas, par précaution, s’interroger davantage avec détermination et sans compromission sur ses stratégies ? Souvenons-nous ! Comment un peuple qui se vantait, à juste titre d’ailleurs, reconnaissons-le, d’avoir produit tant de grands hommes tels Leibniz, Kant, Beethoven, Mozart, et tant d’autres, a-t-il pu assister passivement au massacre de plus de six millions de juifs ? Comment agir au mieux sur les holocaustes d’aujourd’hui ? Moins d’égoïsme et moins d’orgueil ? Et qui le peuvent ?
En somme, vu ce qui se passe actuellement, notre Europe ne serait-elle pas déjà des victimes d’un début de nivellement intellectuel, spirituel et théologique ? En plus du pain et des jeux, ce lieu commun, que demanderaient de plus des démagogues riches et madrés, pour faire glisser notre démocratie vers une médiocratie replète...?

Joseph Mondon,

Les Avirons


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