M.C.U.R. ankor !

12 janvier 2004

Je suis enseignant dans le primaire et je voudrais remercier "le Quotidien" pour l’article sur la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise qui a paru dans son édition du 8 janvier.
Cet article m’a permis de mieux comprendre ce projet et j’ai envie de dire : enfin !
Je suis de formation philosophique, cursus dans lequel j’ai obtenu une maîtrise. Je dis cela parce que j’ai appris au cours de mes années à l’Université qu’avant de commenter quoi que ce soit, il est nécessaire de poser le sujet. À propos de ce projet de la Région, il se trouve que personne avant "le Quotidien" n’a, à ma connaissance, posé la question de savoir ce qu’est cette M.C.U.R., comme on l’appelle.
Comment peut-on se prononcer sur quelque chose dont les seules définitions sont des commentaires ? À un point tel que cela en devient suspect.
En effet, pourquoi ne pas donner la parole aux porteurs du projet pour dire ce dont il s’agit ? C’est un problème de démocratie qui est posé là.
Je ne veux pas de prêt-à-penser. Je refuse le prêt-à-porter idéologique. C’est en cela que je veux remercier "le Quotidien" d’avoir fait acte de journalisme. Même si, excusez cette petite critique, je pense que les détracteurs du projet sont bien connus, qu’ils ont eu toute la place pour s’exprimer pour ainsi dire exclusivement jusqu’à présent et que l’espace qui leur est consacré dans l’article aurait pu être utile à développer encore la présentation du projet (je ne sais pas si vous passerez ce commentaire).

Après le citoyen, c’est au tour de l’enseignant de s’exprimer. Je dois préciser que je suis instituteur et que c’est un choix fait au terme de mes études à l’université, plutôt que d’embrasser une carrière (intéressante aussi). Je suis convaincu que c’est à l’âge de mes élèves qu’une grande majorité de choses se joue.
Je crois devoir aussi préciser que je suis un Réunionnais issu d’une famille modeste de Bras-Panon. Entre mon histoire personnelle et mon vécu professionnel, je devrais bondir quant au prix de cette Maison des civilisations. Les caisses des écoles sont vides et ce sont les institutrices et les instituteurs qui les remplissent en déployant énergie et trésors d’imagination, de fêtes d’écoles en kermesses.
Pourtant je n’attaquerai pas sur le prix de ce projet. Je dis que ce n’est pas assez, comparativement à tant de choses autrement moins au bénéfice de chacun de nous.
Ce projet est utile si, comme moi, on est convaincu que l’enfant réunionnais a besoin - pour se construire en Homme réunionnais - d’être conscient de sa diversité qui lui ouvre le monde et de la possibilité qu’il a de le conquérir.
Cela, c’est le développement d’un pays et il faut y mettre tous les moyens possibles. Et aucune idée dans ce domaine ne doit être exclusive de l’autre. Au contraire, toutes doivent être soutenues et défendues pour qu’elles aboutissent. Mais aucune ne doit être réduite à une petite perspective électorale, comme le font, hélas, les opposants à ce projet, prêts à le sacrifier sur l’autel de leur rêve de fauteuil.
Le savoir n’a pas de prix, c’est l’ignorance qui coûte.
Je suis enfin certain que pour les enseignants, notamment (mais pas uniquement) dans le cadre de ce que nous appelons les programmes LCR, c’est à dire Langues et Cultures Régionales, cette Maison permettra enfin de mettre à notre disposition et à celle de nos élèves les outils qui nous manquent. Cela, à travers un travail de vulgarisation et de diffusion, notamment par le livre ou, comme je l’ai lu dans l’article du "Quotidien", par les Nouvelles Technologies qui sont l’environnement futur de nos enfants.
Pour toutes ces raisons, comme dit Créole, « la Maison des civilisations : mèt ankor, na pa asé ! ».

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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