Marche mondiale des femmes

13 mars 2005

(Page 10)

Les médias nous informent sur les guerres qui ravagent des populations lointaines, et dont certaines s’éternisent, entraînant des milliers de morts, des exodes, des famines. Mais on ignore une autre violence qui n’épargne aucun pays, celle qui s’exerce contre les femmes.
Parfois on met pleins phares sur ce qu’on qualifie vite fait de “fait divers”, crime passionnel, ou geste de folie : Marie Trintignant, la jeune Sohane brûlée vive à Ivry, ou localement Ingrid, Florence ou Marie-Danielle... Du coup, cela paraît être des cas exceptionnels. Ils ne sont pas du tout exceptionnels. Chaque année, sur le territoire français, 72 femmes meurent sous les coups de leur conjoint.
Ce n’est pas la passion ou la folie qui mènent à ça. Ce ne sont pas des cas individuels, c’est un état de fait social, général. C’est la domination masculine, l’appropriation par les hommes des femmes, de leur corps, de leur temps. Un tabou fait qu’on évite de parler de ces violences : beaucoup de gens tendent à les nier car elles dérangent, elles montrent jusqu’où peut aller cette domination masculine. Mais la lutte des femmes éclaire, une fois de plus, une zone d’ombre. Et l’étendue du scandale commence à percer grâce à des enquêtes approfondies.
La violence, c’est ici, à La Réunion, en France comme partout, qu’elle s’exerce, et dans tous les milieux sans exception. Dans la famille tout d’abord : les viols incestueux sont trop souvent tus, c’est le tabou absolu. Mais des enquêtes ont révélé qu’une femme sur 10 est victime de violences conjugales (coups, insultes, chantage, harcèlement moral, viols, etc.), dans la rue, l’entreprise : viols et viols collectifs, agressions sexuelles, harcèlement... 0,3% des femmes ont subi des viols au cours de leur vie, et 6% des tentatives de viols. Nos sociétés sont complices en développant un climat sexiste. Elles tolèrent la traite et la prostitution, quand elles ne l’organisent pas ! Elles véhiculent une image dégradée de la femme. Au cours des guerres, dans toutes les régions du globe, les viols sont systématiques. La violence est extrême dans certaines cultures. Certaines sociétés pratiquent les mutilations sexuelles, les mariages forcés, le port du hidjab, l’exclusion complète des femmes, et même le meurtre : crimes d’honneur, lapidation pour adultère, meurtre des nouvelles-nées en Chine, meurtres de femmes à Ciudad Juarez au Mexique.
Les Verts participent à la campagne nationale contre les violences faites aux femmes à l’initiative du Collectif pour les droits des femmes, mais aussi à la marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la précarité, qui est lancée à travers le monde ce 8 mars 2005. C’est aussi une bataille politique à mener au niveau européen, au niveau mondial. L’Espagne nous ouvre la voie, avec une loi-cadre qui prend en compte tous les aspects de ces violences, toutes leurs conséquences, et organise la prévention et la vigilance.
L’engagement pour l’émancipation des femmes n’a pas de frontière, il ne peut avoir qu’un caractère universel !

Marie-Cécile Seigle-Vatte


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