Miranville et Fontaine justifient la MCUR

7 janvier 2010

Au nom d’un groupe de personnes se disant historiens, Alexis Miranville et Olivier Fontaine contestent le projet scientifique de la MCUR. II l’accuse de faire une réinterprétation des faits au service d’une idéologie. Or, leur propre argumentation n’échappe pas la même critique.

Prenons trois exemples :

MM Fontaine et Miranville contestent le “mythe” des marrons conquérants, sous prétexte que celui-ci n’existe que « dans les mémoires orales, dans des œuvres littéraires et dans la toponymie de certains lieux ». C’est bien parce que les faits liés au marronnage sont rejetés par l’Histoire dite officielle qu’on ne les retrouve que dans des éléments “immatériels”. Mais cela n’est pas propre à l’Histoire de La Réunion et du marronnage. Qu’aurions-nous connu de l’histoire de la paysannerie française sans tout le florilège des contes, des légendes ? Sans la mémoire orale ? C’est un positionnement idéologique connu qu’adoptent nos deux écrivains en ayant un a priori négatif sur ce qui ne ressort pas de l’Histoire “officielle” ; en principe écrite. Mais, plus profondément, que serait la Grèce, Rome sans leurs “mythes” fondateurs, tous « image ou représentation des faits dont l’existence peut être réelle, mais qui ont été amplifiés ou déformés » ?

MM Fontaine et Miranville disent que les colons n’étaient pas tous blancs, ni tous gros propriétaires, certains possédant quelques esclaves. Qu’elle qu’est été la situation de certains de ces colons, ils n’en pratiquaient pas moins l’esclavage, c’est-à-dire un système d’exploitation de l’Homme pur l’Homme. La position de MM Miranville et Fontaine rappellent celle d’un De Palmas avec pour objectif de minimiser la caractéristique du système esclavagiste tel qu’il était appliqué La Réunion.

Enfin, MM Miranville et Fontaine contestent le fait que le maloya ait été interdit. Ils expliquent que l’interdiction viendrait du fait que le PCR faisait accompagner ses réunions de représentation de maloya. Les deux écrivains enferment donc l’interdiction de cette musique dans sa seule histoire avec le PCR. Ils n’entendent pas le témoignage de maloyeurs comme Viry, Gramoune Lélé et autres. Surtout, ils passent sous silence un fait incontestable : toutes les productions culturelles ou cultuelles n’émanant pas du colonisateur n’étaient pas — strictement parlant — « interdites », mais rejetées, méprisées, circonscrites, surveillées et faisant l’objet de mesures répressives. Cela a aussi été le cas du séga. C’est sa reprise par Fourcade qui permis à cette musique de sortir de ce qui étaient des “camps” pour entrer dans les “salons”.

Autrement dit, MM Fontaine et Miranville confirment une urgence : il faut que les Réunionnais se réapproprient leur Histoire, toute leur Histoire, qu’ils la discutent, l’évaluent, y compris dans toutes ses contradictions. C’est ce que veut justement réaliser la MCUR.

Marc Salmon


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