Mon ami le mécanicien … et les trente-cinq heures

10 novembre 2003

Ce matin-là, en rendant visite à mon ami le mécanicien, je l’ai trouvé tout rayonnant au milieu de sa cour, parmi ses fleurs et la kyrielle de pots qu’il transportait et rangeait avec infiniment de soin et de précaution, presque amoureusement. Dans ce cadre merveilleux, plein de fraîcheur, jamais je ne l’avais vu aussi heureux !
Comme je lui demandais comment il se faisait qu’il n’était pas sur son lieu de travail habituel, il m’a répondu qu’il était en congé, ou plus exactement qu’il profitait de ses deux journées de repos en application de la loi des 35 heures.
Je ne sais si cette loi a fait autant d’heureux que mon ami le mécanicien ; mais ce que je sais, et ce dont je suis sûr, c’est que lui, il en est visiblement et pleinement satisfait.
J’ai mieux compris alors ce que voulait dire l’autre soir à la télévision Martine Aubry, l’ancienne ministre des Affaires sociales et l’auteur de cette loi pourtant si décriée par certains qui vont jusqu’à lui reprocher d’avoir mis l’économie de la France à mal. Son ton calme et assuré, sa compétence aussi, et son autorité, m’ont à la fois impressionné et touché. Il y a, au fond, deux logiques, a-t-elle expliqué, celle du profit et de la rentabilité pour quelques-uns et celle de la solidarité et de la fraternité pour tous les autres.
J’ai la naïveté de croire qu’elle a fondamentalement raison. Pour les trente-cinq heures fort heureusement, elle peut compter sur le soutien de la majorité de l’opinion française consultée - c’est ce qui a fait du reste reculer le gouvernement - et sur celui de mon ami le mécanicien, même s’il ne l’exprime pas ouvertement.
Quant à l’argument que cette loi a été imposée d’en haut, il suffit de consulter l’Histoire pour s’apercevoir que toutes les grandes conquêtes sociales ont été arrachées, presque toujours - je dirais même toujours - contre l’avis d’une minorité (qui souvent hélas fait l’opinion) de patrons, de chefs d’entreprise, de privilégiés, bref de conservateurs de tous poils, qui ne veulent surtout pas changer, et qui reprennent aujourd’hui les mêmes raisons qu’ils donnaient à l’époque.


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