’Nous sommes là pour changer l’Histoire’

10 mai 2006

Il l’avait annoncée, à son peuple et au monde, le soir même de son élection à la tête de son pays : l’annulation de tous les contrats d’exploitation du gaz et du pétrole passés antérieurement avec les multinationales. Il répondait ainsi aux engagements qu’il avait pris au cours de la campagne et qui prévoient entre autres la "nationalisation des hydrocarbures".
Car, disait-il, il fallait en finir avec l’"État colonial toujours en vigueur", les "méfaits" de "500 années de colonisation", les "politiques néo-libérales" qui font qu’aujourd’hui avec le "pillage des ressources naturelles", la Bolivie est le pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud - 70% de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Aussi, lorsqu’il décide de passer aux actes, 100 jours à peine après son arrivée au pouvoir, à l’occasion de la fête du 1er Mai - date symbolique - en décrétant la "récupération par l’État de la propriété, de la possession et du contrôle total de ses ressources", cette première mesure tant attendue, qui prépare en même temps à l’indépendance énergétique de la Bolivie, suscite-t-elle un mouvement d’enthousiasme général. Sauf bien entendu de la colère chez les grandes sociétés étrangères qui exploitent le pays depuis si longtemps et qui voient leur manne considérablement réduite. Désormais, selon la nouvelle répartition, la part qui revient à l’État passe à 82% et les entreprises étrangères ne disposent plus que d’un délai de 180 jours pour s’y adapter. "Nous (leur) demandons de respecter la dignité des Boliviens", déclare avec solennité le président Evo Morales, "sinon nous la ferons respecter par la force". Oui, décidément, du moins en Amérique du Sud, l’Histoire est en train de changer !

Georges Benne


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