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Tribune libre
27 février 2012
Mon pays vit un moment tristement historique. Il est 23h. De chez moi, j’entends les explosions, parfois les cris… A la radio, les gens en colère, parfois en pleurs, « ils ont tout cassé, c’est de la violence gratuite ».
Si je n’avais pas en tête l’Histoire de mon pays, si je n’avais pas en tête les chiffres dramatiquement records de mon pays : taux de chômage, illettrisme ; si je n’avais pas en tête l’image de ce jeune père de famille qui, en décrochant un contrat précaire d’un an, semblait avoir décroché la lune, remerciant ciel et terre... Si je n’avais pas de mémoire, si j’étais aveugle et sourde, je ne comprendrais pas. Mais j’ai des yeux pour observer, des oreilles pour écouter et une mémoire pour analyser. Donc ce qui se passe n’est ni stupéfiant, ni inattendu pour moi. Peut-être un peu effrayant, mais pas surprenant.
Tout est parti de revendications de professionnels auprès des institutions pour obtenir un prix réduit sur les produits pétroliers. Ces derniers réclamaient l’aide des collectivités — Département et Région — estimant trop coûteux le prix des carburants. A ces revendications se sont jointes d’autres organisations sociales, réclamant la baisse du prix du gaz et des carburants pour tous. Cela fait des années que de nombreux mouvements sociaux de l’île demandent la transparence sur le prix des carburants.
Rapidement, ces revendications se sont généralisées autour de la cherté de la vie.
La persistance des monopoles
Cela fait des années que nous luttons contre les monopoles et manifestons contre la vie chère. En 2009, les accords COSPAR avaient abouti à des prix réduits sur les produits de première nécessité. Les années passent, les prix continuent à augmenter, le pouvoir d’achat des Réunionnais à diminuer. Et pour cause. Tandis que l’État reconnaît la cherté de la vie pour une partie des Réunionnais en leur octroyant la « surrémunération » en compensation des prix élevés, l’autre partie de la population, celle qui perçoit les minima sociaux, ne voit pas ses revenus s’indexer sur le coût de la vie. C’est là une cause parmi d’autres : aujourd’hui, plus de 60% de nos importations viennent de France et d’Europe. Ce qui n’a pas changé depuis le pacte colonial hérité du colbertisme. La persistance des monopoles rend difficile, voire impossible une réelle transparence sur la formation des prix.
Couplez à cela une économie caractérisée par une politique de transferts publics, qui n’est pas forcément adaptée aux problématiques et atouts locaux, depuis plus de 60 ans, vous obtiendrez un pays sous perfusion, qui importe tout et ne produit que très peu en dépit de ses nombreuses richesses.
L’école républicaine est obligatoire depuis 1947 chez nous, mais aujourd’hui encore, nous comptons plus de 120.000 illettrés, le taux de chômage chez les moins de 26 ans avoisine les 60%. Ces constats — d’une société qui a failli — ne sont pas nouveaux. De nombreuses voix tirent la sonnette d’alarme depuis de nombreuses années. Le système qui perdure depuis la fin de la colonisation, soit depuis plus de 60 ans, va dans l’impasse : il n’est pas ADAPTE à la réalité locale.
Les problèmes ne sont pas nouveaux…
Les dernières « émeutes urbaines » ont eu lieu il y a exactement 21 ans, en février et mars 1991. La situation était déjà alarmante. Plus d’une génération est passée, les gouvernements se sont succédé, chacun prétendant vouloir comprendre ce qui ne marche pas, chez nous autres, les Ultramarins. Mais les problèmes restent inchangés. Plus d’une fois, les acteurs politiques, sociaux, économiques, culturels ont identifié les problèmes et se sont unis pour trouver des solutions. On se rappelle des États généraux de l’Outre-mer, du CIOM, on se rappelle des revendications du COSPAR. Si les gouvernements français voulaient savoir, ils sauraient. Si les candidats à l’élection présidentielle d’avril 2012 voulaient avoir un vrai programme pour l’Outre-mer, et en particulier pour La Réunion, ils en auraient un — un vrai. La vérité est que les mesures en faveur des difficultés des Outre-mers se sont multipliées : loi Jégo sur la baisse des prix de première nécessité dans les DOM, Loi d’Orientation pour l’Outre-mer, Loi Programme pour le développement outre-mer, LODEOM, etc. Les raisons pour lesquelles ces solutions ne sont jamais appliquées dans la durée sont toujours les mêmes : financières.
En 2012, sur fond de crise financière internationale, quand le gouvernement annonce clairement sa démission (gel des dotations aux collectivités, entre autres), comment miser encore sur la solidarité nationale ? Comment expliquer à la population que si aujourd’hui, on ne peut rien faire, c’est parce qu’il y a une crise mondiale ? Mais que faisait-on avant cette crise ? Les problèmes ne sont pas nouveaux… La crise les a juste amplifiés. Et les 60% de jeunes qui sont au chômage, desquels font partie ceux qui se révoltent en ce moment même dans la rue, ne croient plus au Père Noël — peut-être n’y ont-ils jamais cru —, ils savent bien que leur sort ne va pas s’améliorer. Et que demain sera sûrement pire, tandis qu’aujourd’hui est déjà si peu supportable.
Le sort fait à notre jeunesse réunionnaise est inacceptable
Alors OUI, la violence, la prise en otages d’autres personnes, la mise en danger d’autrui sont largement regrettables et ne devraient JAMAIS être la solution à quoi que ce soit. Mais une fois que c’est dit, que fait-on ? On fait venir une horde de CRS de l’Hexagone et l’on condamne le plus possible de ces jeunes à la prison ferme, comme on est en train de le faire ? La répression n’est JAMAIS la solution non plus.
Que dire alors de ceux qui ont laissé perdurer l’intolérable ? Que dire d’une société, d’un système qui ne s’intéresse à ces jeunes que lorsqu’ ils arrivent à ces extrémités ? Que dire d’une société qui ne laisse AUCUNE perspective d’avenir à sa jeunesse ? Des jeunes — eux aussi en souffrance au sein de leurs sociétés post-coloniales — se sont immolés pendant le Printemps arabe. Quand on vit dans une société autiste à la souffrance d’une moitié de la population parce que l’autre moitié vit dans le confort le plus remarquable, les moyens de crier son désespoir peuvent être radicaux.
Nous mettons chaque jour en danger notre jeunesse, en ne l’écoutant pas, en n’étant pas conscients de l’épouvantable errance dans laquelle plonge le chômage, en laissant cette jeunesse livrée aux tentations de la délinquance et finir sur les bancs d’un tribunal, condamnés — pour avoir été les tristes produits de leur société irresponsable.
Dans notre société réunionnaise à deux vitesses, il y a les jeunes, diplômés ou en voie de l’être, qu’on exhorte de partir de leur pays pour trouver du travail. Et puis il y a ceux que le système éducatif a échoué à sortir de la misère. Dans les deux cas, ces jeunes se battent pour vivre dans la dignité dans leur pays. Dans les deux cas, le sort fait à notre jeunesse réunionnaise est inacceptable, et ne peut plus durer.
Emilie Assati
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