Palestine occupée : un parti pris européen totalement improductif

15 avril 2006

Ni le temps, ni la banalisation de l’occupation armée israélienne ne doivent faire oublier l’épreuve interminable subie par les Palestiniens depuis 70 ans.
En effet, ce drame remonte à très loin et commence en 1917 par la déclaration du ministre anglais Balfour, autorisant la création d’un foyer national juif en Palestine. Le mandat britannique exercé sur celle-ci dès 1918 allait permettre l’afflux d’immigrants juifs européens sur la terre palestinienne.
Mais tout s’aggrave en 1939, après l’écrasement effroyable de la révolte palestinienne par les Anglais. Celle-ci a éclaté en 1936 en réaction contre la colonisation juive qui s’opérait méthodiquement, avec la complicité des Anglais.
L’insurrection autochtone a été matée avec l’aide des miliciens juifs qui ont bénéficié en retour de la formation de ses cadres par l’Angleterre d’où seront issus les officiers de la future armée israélienne.
Ce rappel s’avère nécessaire pour comprendre les disparités énormes qui ont existé entre Israéliens et Palestiniens lors du dépeçage de la Palestine en 1948.
D’un côté, un peuple durement réprimé, déstructuré, avec une élite entièrement décimée et à la merci du colonisateur britannique. De l’autre, des colons sionistes organisés, fortement armés, soutenus par les Anglais et financés massivement par le Congrès juif mondial.
C’est donc dans ce contexte qu’Israël a réussi à rayer de la carte la Palestine. Le peuple juif devenu "sûr de lui et dominateur" s’est ainsi reconstitué sur la terre d’un autre peuple en l’y expulsant par la force.
Telle est la vérité historique. Les preuves existent, Israël a pratiqué l’épuration ethnique, a commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, a usé de toutes les ruses pour construire un État sur la terre d’autrui.
Après tout cela, on veut interdire aux Palestiniens le droit de lutter pour obtenir justice et mettre fin à leurs souffrances.
Pourquoi diaboliser d’emblée le Hamas et ne rien demander au gouvernement israélien, violateur permanent du droit international ? Lequel est véritablement à plaindre ?
Israël est-il menacé avec son arsenal de bombes atomiques et l’armée la plus puissante de tout l’Orient ?
N’a-t-il pas appliqué "la guerre préventive" pour surprendre ses voisins ?
L’État juif mène depuis toujours une guerre sans pitié contre ses ennemis, appliquant la théorie de la responsabilité collective, détruisant systématiquement les structures et surtout les futurs cadres d’un hypothétique État palestinien.
Aussi, la large victoire du Hamas aux dernières élections atteste du degré de conscience des Palestiniens du cauchemar qu’ils endurent. Ce vote traduit une exaspération profonde contre l’occupation inhumaine imposée par Israël.
Camus n’a-t-il pas dit que "la seule dignité de l’Homme est la révolte tenace contre sa condition"  ?
L’Europe qui doit assurer une lourde responsabilité dans ce drame aurait pu s’amender en adoptant une attitude rigoureusement objective. Mais, au lieu d’entendre le sens du vote palestinien, sans dignité et sans panache, elle a choisi de soutenir l’occupant et l’oppresseur, contre le faible et l’humilié.
La réaction exagérée des occidentaux vis à vis du Hamas démontre la vacuité historique et juridique de leur soutien inconditionnel à Israël.
Pas moins que le Kadima qui est un parti juif, le Hamas est un parti musulman qui prône la promotion de valeurs issues de la culture à laquelle il appartient. Élu démocratiquement, le Hamas veut être traité avec respect. Contrairement au Kadima israélien dont on aurait beaucoup à dire sur son programme et ses alliés, il ne dispose ni d’un État, ni d’une armée et encore moins du pouvoir réel de gouverner.
Depuis son élection, il n’a commis aucune faute. Face à l’arbitraire de l’occupant, il s’est évertué à former “un gouvernement” sans moyens efficients. Victime du gel illégal de la TVA et des taxes douanières dues par Israël, aucun état de grâce ne lui est accordé.
Pendant ce temps, le gouvernement israélien confirme son unilatéralisme, étend ses colonies en territoire palestinien, poursuit les assassinats ciblés, les bombardements aériens et l’asphyxie de Gaza. Il édifie aussi, le plus illégalement du monde, un mur honteux de séparation aggravant la spoliation dont sont victimes les Palestiniens.
Et l’Europe, incapable de définir une diplomatie constructive, aveuglée par l’islamophobie, exige plus que jamais du Hamas la reconnaissance d’Israël et la renonciation à son droit de résistance. Cette attitude lui fait perdre toute crédibilité et annihile toute chance pour elle d’intervenir dans cette région voisine de son continent.
La satisfaction d’Israël après l’annonce du gel des aides européennes démontre que cette mesure est bien discriminatoire pour les Palestiniens et ne contribue pas à la recherche d’une solution.
Devant tant d’injustice, personne ne doit plus s’étonner de voir la paix s’éloigner de plus en plus. La fin du conflit passe obligatoirement par un arbitrage neutre, sans déséquilibre, ni préférence pour l’un, au détriment de l’autre.
La paix n’aura des chances d’aboutir que si elle repose sur des négociations justes imposant aux 2 belligérants les mêmes règles du jeu.
Il est bien dommage de constater qu’en penchant en faveur d’Israël, l’Union européenne a choisi de ne pas soutenir les conditions de la paix.

Youssouf Mohamed,
La Possession


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