Palme d’or du 56ème festival de Cannes : les Français absents

30 mai 2003

La comédienne Monica Belluci a rempli avec fermeté son rôle de maîtresse de cérémonie. Elle avait donné le ton au 56ème festival de Cannes : « Refus de toute exclusion, respect de la liberté de l’artiste ».
Ce ne sera pas un festival qui aura marqué l’Histoire du cinéma, il y a eu très peu de lauréats. Je ne citerai que Samira Makhmalbal, 23 ans, benjamine des réalisateurs, qui a reçu le prix du jury pour "Cinq heures de l’après-midi". La cinéaste a dédié son prix… « à toutes les femmes du monde ». « C’est l’histoire d’une femme qui veut devenir présidente. Le président le plus puissant du monde, c’est George Bush. Alors, dit-elle, je préfère rester réalisatrice… ».
J’ai apprécié les quelques mots d’Isabelle Hupert, lors de la remise de la palme d’or : « Cela peut sembler un peu dérisoire, un peu vain, une palme d’or face au malheur du monde et face à celui qui s’invite une fois encore en Algérie. Il y a des séismes qui ne sont pas près de s’effacer de nos mémoires et qui n’appellent que le silence. Et pourtant, il m’arrive de penser que le cinéma dans ce qu’il a de plus exigeant, de plus fraternel, de plus lumineux, si j’ose dire, est aussi ce qui nous permet de survivre à ces traumatismes et tout ce qu’il peut y avoir de cruel et d’intolérable dans le monde, tant individuellement que collectivement.
Oui ! Le cinéma ça aide à vivre ! Oui ! Le cinéma peut encore nous offrir des plaisirs ! Ses instants de bonheur ténus et partagés, qui nous aident à tenir en nous rendant joyeux. Joyeux comme nous le dit un poète anglais, Wishtan-Oden, dont je vais vous dire quelques vers. Rassurez-vous, ça sera très court. Mais j’ai eu l’impression qu’ils ont été écrits pour tous les metteurs en scène du monde entier et c’est à vous, cher président, que je les dis : "Aucune image, souviens-en, ne peut exprimer un vrai malheur historique. Tes pleurs n’ont de valeur que s’ils nous rendent joyeux. Oh ! Heureux chagrin, c’est tout ce qu’un vers triste peut dire".
Eh bien, un film, je crois, qui nous touche peut nous dire : "Oh, heureux chagrin !". Alors, cher Patrice Chéreau, cher président, quel est l’heureux lauréat qui peut-être nous a exprimé son heureux chagrin ? »
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Patrice Chéreau, président du jury, à la surprise générale, annonce que c’est Gusvan Sant qui obtient à la fois la palme d’or pour son film "Elephant" ainsi que le prix de la mise en scène.
Et les Français ? Avec cinq films français en compétition, on aurait pu espérer qu’un film français aurait obtenu un prix. Niet ! Patrice Chéreau, président du jury, en établissant son palmarès, aurait bien aimé faire plaisir à la France. Cela n’a pas été possible. Les Français pouvaient prétendre figurer au palmarès du festival après quatorze années d’absence. Je croyais dur comme fer à Philippe Noiret et Michel Bouquet dans "Les Côtelettes", ou encore à Emmanuelle Béart dans "Les Égarés". J’ai été très déçu. Faut-il penser que les cinéastes français ont privilégié la diffusion plutôt que la qualité ? J’ai mille peines à croire que c’est dans l’ordre du possible. « L’espoir fait vivre ». Peut-être à l’année prochaine, un film français au palmarès du 57ème festival de Cannes ?


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