Pas d’alternative à l’incinérateur ?

18 juillet 2006

C’est ce que déclare dans les médias le Directeur de la CIVIS, qui ajoute quand même, prudent, que s’il y avait du retard dans la mise en place de l’incinérateur, des études seraient faites pour un nouveau centre de stockage des déchets qui, il faut le préciser, coûterait moins cher au contribuable qu’un incinérateur, et sans les rejets toxiques mortels liés à sa mise en service.
Pas d’alternative où ça ? Dans la tête des élus du Conseil général et des experts auxquels ils font appel, eux-mêmes plus ou moins liés aux industriels qui fabriquent ces usines de mort diffuse.
Car les alternatives à l’incinérateur, en France et partout dans le monde, on ne cesse d’en chercher et d’en trouver.
o Première alternative : ne pas produire le déchet inutile. Le déchet le plus facile à traiter est celui qu’on ne produit pas. L’exemple le plus connu est celui du sac de caisse (durée moyenne d’utilisation : un quart d’heure), mais il y a beaucoup d’autres emballages inutiles : l’énorme blister de plastique qui entoure le moindre tournevis, le plastique enveloppant le journal, le liquide dans un flacon, le flacon dans un premier carton, dans un deuxième, dans un sachet... Il y a des campagnes de sensibilisation, mais elles ne font que toucher une part minime de la population. Il est nécessaire de passer à l’étape suivante, interdire. La Corse a interdit les sachets jetables, Madère a interdit les gobelets jetables... Il est nécessaire de passer du tout jetable au tout réutilisable.
o Deuxième alternative : Traiter séparément les déchets organiques par compostage et méthanisation. En ce moment, sur la décharge de Sainte-Suzanne, on brûle en pure perte le méthane issu de la fermentation des déchets organiques. Ce méthane pourrait être récupéré par les Communautés de communes qui pourraient le réutiliser comme carburant peu polluant pour les bus ou dans un réseau de distribution de gaz de ville, comme il en existe de plus en plus en métropole, même dans les campagnes. Et cela économiserait le transport routier des bonbonnes.
o Troisième alternative : Ne pas permettre la mise sur le marché d’un produit qui ne soit pas réellement et entièrement recyclable. Car le consommateur paye pour ça : le logo des deux flèches inscrites dans un cercle que l’on voit sur les produits manufacturés c’est le logo d’Eco-emballage, un organisme chargé de récolter une taxe pour le recyclage et de la redistribuer aux communes. Alors, de deux choses l’une : ou les communes utilisent cette manne à tout autre chose que ce à quoi elle est destinée, ou bien elle est purement symbolique et insuffisante, surtout pour un milieu insulaire isolé comme le nôtre. Taxons donc ces produits au prix réel du recyclage ou demandons aux commerçants de récupérer le produit en fin de course. On envoie bien les batteries en métropole. Pourquoi pas le reste ? Tous ces cargos qui repartent à vide ! “Vous voulez nous vendre une nouvelle voiture, une nouvelle cafetière ? Reprenez la vieille et remportez-la chez vous !”. On peut également développer le partenariat de recyclage avec les pays de la zone.
Et que l’on n’évoque pas d’éventuelles réglementations européennes pour justifier l’immobilisme. Nous sommes une Région ultra-périphérique qui peut bénéficier d’un traitement spécifique. Nous avons bien été capables de défendre l’octroi de mer. Nous pouvons traiter nos déchets sans nous empoisonner. Il faut simplement pour cela, non une gestion molle de fin de mandat, mais une volonté politique forte.

Jean-Pierre Espéret ,
Porte-parole des Verts-Réunion


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