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4 avril 2014
Les élections municipales et communautaires de 2014 s’achèvent. Nous avons pu constater une pléthore de listes (133). Apparemment, nous avions l’embarras du choix. Nous aurions pu nous en réjouir. Nous avons un temps pensé être devant une démarche qualité visant à dynamiser l’expérience démocratique réunionnaise et à réhabiliter le politique. Finalement, nous avons assisté à un défilé monotone de mauvaises comédies où la plupart des candidats ont montré leur fidélité à la logique du maintien du peuple dans la position de consommateur d’une offre politique descendante. Nous avons assisté à la conquête du pouvoir pour le pouvoir et à la méconnaissance des enjeux de La Réunion. On a pu assister à des arrangements de circonstance avec indécence, l’air de rien et faisant croire à de la stratégie. Les Réunionnais ne sont plus dupes. Ils savent que la plupart des politiques mentent, les méprisent et ne pensent qu’à eux-mêmes et à leurs clans. C’est dangereux pour la démocratie. C’est dangereux pour la confiance qu’exige une bonne gouvernance entre gouvernants et « gouvernés ».
Pourtant, les difficultés s’accumulent dans notre pays. Il y en a tellement que nous sommes comme abasourdis, sans force, sans clés, sans intelligence et surtout – nous semble t-il – sans imagination et véritable désir de relever le défi d’en sortir et de rompre avec notre « modèle » de société.
La crise qui touche La Réunion n’est ni sociale ni économique et financière. Elle est essentiellement politique. Il n’y a pas de pensée politique réunionnaise ancrée et articulée avec les enjeux locaux, régionaux, nationaux et mondiaux. Il n’y a pas de leadership politique porteur d’une vision partagée qui pourrait se traduire par un projet collectif de développement. Nos intellectuels (les) se font discrets. Certains se plaisent dans les conférences-débats auxquelles participent à peu près les mêmes clients depuis des décennies. D’autres (et parfois les mêmes) sont désabusés et n’ont plus la force d’exercer leur fonction de critique et de guide. L’esprit conservateur s’installe en profondeur avec des relents réactionnaires, laissant croire à certains que le statu quo leur sera durablement profitable. Il n’y a aucun débat de fond porté par les dirigeants politiques. Il n’y a pas de sincérité et surtout il n’y a pas d’amour pour l’intérêt commun réunionnais. Et la majorité du peuple, hagard, livré à des stratégies de survie, a abandonné son pouvoir social. La Réunion est en état de léthargie. Elle attend le messie. Elle attend ce qui ne vient pas. Elle fait place aux aventuriers.
Sans réel engagement dans un processus d’émancipation et sans la véritable envie d’exercer notre responsabilité, il nous semble vain d’espérer changer quoique ce soit à La Réunion et moins encore de réussir notre développement et de favoriser le mieux vivre et le faire ensemble.
Comment faire après tant d’années d’assimilation et de pratiques clientélistes, à gauche et à droite ? Comment faire pour réactiver l’amour de soi, la capacité à tisser des liens sains avec l’Autre ? Comment faire pour se penser en être humain, libre, après tant d’années de non droit ? Comment faire pour penser, agir et réussir à partir de ce que nous sommes quand le plus souvent nous préférons être qui nous ne sommes pas ? Comment faire pour nous sentir capables de le faire ? Comment faire pour échapper à des combats de colonisés qui se traduisent par des lamentations et des revendications ? Comment faire pour ouvrir toutes ces fenêtres et ces portes encore cadenassées ? Comment faire pour ne plus accepter l’inacceptable, l’extrême pauvreté et la misère morale dans laquelle nous sommes ? Comment faire pour réactiver l’appétit de vivre et de faire ensemble, en Réunionnais ?
Faisons tout pour intéresser le peuple à la chose publique. Faisons tout pour que la politique soit une envie de toujours et une envie de tous les jours pour tous. Faisons tout pour que chaque Réunionnais ait l’inquiétude, le souci permanent de ce qui se passe dans notre pays qui ne s’affirme pas alors qu’il est rempli d’atouts. Car nous avons besoin de l’énergie du peuple et de tout le monde pour nous sortir de l’impasse. Faisons tout pour développer notre capacité à être auteur et acteur de nos vies.
Il est clair que la tâche est ingrate. Elle est hautement difficile. Mais nous devons le faire. Il en va de nos vies. La mort guette le peuple réunionnais. Cette petite mort des êtres vivants déjà morts, qui ne participent à rien des choses importantes qui les concernent, ne peuvent plus dire, n’ont plus d’espoir, qui laissent mourir sa jeunesse dans le chômage, la dépression, le fatalisme, le froid d’une mobilité sans retour, la délinquance et la prison. Cette petite mort qui nous étreint tous, tous les jours un peu plus, étouffe notre respiration, oppresse le rythme cardiaque du peuple et nous éloigne du plus beau de notre humanité. Cette mort est dans nos têtes, dans nos corps et dans nos cœurs. Elle dévore nos élans. Elle nous rend jaloux de nos frères, sœurs, voisins et semblables. Elle nous rend passifs, belliqueux, revendicatifs. Elle nous enlève toute créativité collective. Elle nous fait nous contenter de dirigeants incompétents et sans volonté de changement.
Or, nous avons le potentiel d’une société nouvelle. Nous avons l’énergie de notre jeunesse. Nous sommes Réunionnais. Nous sommes créoles. Nous sommes ce que le monde peut devenir de plus beau en ayant créé là où le crime contre l’humanité a été perpétré. Nous sommes là où on ne nous attendait pas, vivants avec nos langues, nos histoires, nos valeurs de convivialité, nos qualités de ruse, de résilience. Notre plasticité. Nous sommes là, vivants avec nos musiques, nos savoir-faire populaires en ethnomédecine, en faune et flore, architecture bioclimatique, maîtrise des techniques d’exploitation des énergies renouvelables, esprit de récupération et de détournement des objets, nos connaissances de la mer, de la pêche, de la montagne, nos expertises dans la formation professionnelle, dans la prise en charge des personnes fragilisées... Nous sommes là, dans l’Océan Indien, océan de liens en pleine mutation. Nous sommes présents dans l’ère des nouvelles technologies.
Nous avons l’énergie de tous les combattants historiques de notre liberté, pour tous nos droits. Des femmes et des hommes en situation d’esclave, souvent démunis, qui savaient à peine lire et écrire, de condition modeste mais aussi des femmes et des hommes lettrés, instruits, stratèges, qui tous avaient gardé l’essentiel, le souffle de l’espoir de la vie, le respect d’eux-mêmes et le désir de préserver le futur de leurs enfants. Ils nous ont laissé un héritage inestimable. Que voulons-nous en faire ?
Nous avons l’énergie pour nous développer sur tous les fronts mais celle-ci est encore bloquée.
Et, si nous prenions du temps pour nous ? Et, si nous prenions le temps de donner un temps mort à nos frénésies pour mieux repartir, sur de nouvelles bases, sur le premier pacte social réunionnais issu d’une véritable concertation ? Prendre le temps de considérer là où les choses se sont arrêtées, là où en définitive elles ont commencé c’est-à-dire dans la machine du système de l’esclavage colonial. La fabrique des traitres, des fraudeurs, des macros, des fourbes. La fabrique des représentations, des hiérarchies, du racisme, du sexisme, de la peur, de la honte, de la castration des virilités, de la domination des féminités. La fabrique des errances et de la délégation de notre pouvoir social. La fabrique du petit politique. La fabrique de colonisés. Si cela est notre point de départ alors nous devons nous atteler à déconstruire cette mentalité qui nous tient prisonnière de nous-mêmes, tant sur ce plan, le système colonial a réussi. Le voulons-nous ?
Mettons-nous debout. Rencontrons-nous, écoutons, discutons, échangeons, confrontons et faisons émerger le commun et notre pouvoir social.
Mettons-nous debout et décidons et agissons.
Mettons-nous debout et faisons fleurir nos différences au service d’une société où nos enfants auraient du travail, où il serait possible de parler, certes avec émotion mais sans hystérie et surtout avec sincérité.
Parler de quoi ? De la place de l’humain ici, parler du travail, du partage des richesses, de la sur rémunération, de l’économie de comptoir, du mal développement, de l’impasse des hyper méga grands projets, du devenir de la canne, du rôle des banques ; du racisme envers les mahorais, envers les kaf, envers certains noirs et envers certains non-blancs, de la persistance de la position dominante de nombreux zorèy, de l’organisation corporatiste et sous forme de caste, du glissement communaliste ; parler de la misère qui s’installe dans les maisons, les quartiers et les villes ; parler de l’éducation des enfants, de l’accompagnement des parents, de l’épanouissement de nos cultures et de la langue réunionnaise et de leur nécessaire articulation avec le développement ; parler du statut politique de La Réunion, de notre pouvoir de décider, d’exercer une réelle marge de manœuvre ; parler de l’inefficacité des dispositifs visant la lutte contre les violences faites aux femmes, de la violence des institutions sur les uns et les autres, des souffrances au travail, de l’échec des politiques de développement touristique, de l’échec des politiques de transport et de déplacement, de l’échec des politiques de logement et d’habitat, des enjeux de la gestion de la ressource en eau, de notre positionnement stratégique dans le sud ouest de l’océan Indien…
Mettons-nous debout pour dire notre responsabilité dans ce qui se passe, et admettre que ce contre quoi nos dirigeants politiques prétendent lutter est le résultat de la manière par laquelle ils font fonctionner La Réunion conjuguée avec le fait que nous les laissons faire.
Mettons-nous debout pour dire que nous en avons assez des dirigeants politiques qui n’ont pas de projet global pour La Réunion, qui achètent des voix, qui font pression sur les électeurs, qui font du chantage à l’emploi, qui accaparent le pouvoir et le partagent en réseaux d’influences et ont du mal à mettre en œuvre leur propre incantation sur la préférence régionale.
Mettons-nous debout et avançons vers la société réunionnaise de demain. Cette Réunion qui se construit avec sa jeunesse et ses gramoun, avec ses femmes et ses hommes et qui se dessine d’histoires, de luttes, de résistances, d’échecs, de succès, de cultures, du désir de vivre et de vivre mieux ; de la volonté de s’unir et d’accéder aux étoiles de la liberté, de la solidarité et de la responsabilité. La Réunion ambitieuse et réaliste.
Mettons nous debout et faisons vivre l’amour qui nous relie à la terre réunionnaise, terre de feu, de volcan, terre de contrastes, terre de sang, terre de voyages, de passages, terre de racines, d’ancrage. Terre d’exil, terre d’accueil et d’hospitalité, terre de l’espérance, de la joie, de la vie. Ce pays qui nous habite de ses sons, de ses cris, de ses éruptions, de ses cicatrices, de ses arpents ravinés, montagneux, petit géant en croissance.
Alors, personne ne pourra nous réinstaller dans la servitude*.
Eric Alendroit
*phrase librement inspirée d’une citation de Frantz Fanon,
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