Phobie du bébé se retrouvant seul dans sa chambre

18 septembre 2018, par Frédéric Paulus

La vie d’un nouveau-né est grandement envahie de perceptions – sensations qui se somatisent et s’évaluent instantanément suivant le prisme agréable <-> désagréable. Si des sensations désagréables sont associées à la période qui précède l’endormissement, en se retrouvant seul dans sa chambre, s’endormir risque de devenir pour un nouveau-né une épreuve associant isolement et panique de ne pas supporter, la solitude.
Le grand pédiatre Donald Winnicott (1896-1971) avait perçu et théorisé la capacité d’assumer la solitude concernant un enfant plus âgé. Cette capacité, le bébé ne l’aura pas encore faite sienne. Elle se développe vraisemblablement en fonction du plaisir que le bébé retire de son sommeil. « Subjectivité ! » dirait un rationaliste dubitatif ! Je me réfère à mes deux filles.

Au-delà du fait que toutes les cultures de notre planète ont intégré que bébé et mère étaient indissociables, l’univers rationaliste occidental aura mis des décennies pour admettre ce qui suit. Le bébé doté de 5 sens quasiment opérationnels à la naissance peut ressentir le fait d’être seul dans une pièce, (qui plus est s’il est sans repère visuel la nuit [1]), ou a contrario, la présence d’une personne familière de son entourage, mère ou père bien évidemment, ou autre, frère ou sœur…

Pour convaincre les sceptiques, la lecture de l’ouvrage du grand chercheur Antonio Damasio, « L’Ordre étrange des choses, La vie, les sentiments et la fabrique de la culture », (2017), devrait définitivement créer un choc dans les esprits. Est-il bien nécessaire en effet de faire passer le bébé dans des tubes de scanner ou d’IRMf pour objectiver ses émotions en visualisant les aires cérébrales sollicitées avant d’affirmer ce qui est pour nous une évidence, l’enfant est un être émotif ?
Cette « fabrique de la culture » occidentale, que Damasio met en évidence, pourrait notamment consister à observer les pratiques des cultures dites « primitives » des pays dits « en voie de développement », elles qui n’auront pas laissé de côté l’aspect émotionnel de la vie.

Frédéric Paulus, CEVOI

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