Pour le respect de la continuité territoriale

14 avril 2003

Jeudi 10 avril se tenait à Paris, au ministère des Transports, en présence de M. De Robien et M. Bussereau du Ministère des Transports, de Mme Girardin, Ministre des D.O.M. et de M. Bertrand du secrétariat d’Etat au Tourisme, une réunion de travail pour étudier les problèmes de la desserte aérienne des D.O.M. avec, ô ironie, comme seuls interlocuteurs, sur un sujet aussi sensible pour la très grande majorité des Réunionnais, les compagnies aériennes ! Et les usagers ? Qu’ils se taisent et qu’ils paient !
Cette méthode confirme parfaitement l’analyse que l’association COLL’AIR a faite concernant les causes profondes de la situation de "marché noir" (raréfaction artificielle de l’offre face à une demande forte pour faire grimper abusivement les prix) qui sévit dans l’aérien à La Réunion : la seule approche du marché n’est faite que sous l’angle de l’intérêt économique de l’offre, donc des compagnies, les usagers, clientèle captive, n’étant là que pour répondre aux besoins de l’offre aux conditions tarifaires les plus élevées possibles.
Cette technique, qui sacrifie l’usager et le citoyen aux impératifs des entreprises, a introduit depuis de nombreuses années à La Réunion un malthusianisme qui débouche même sur une véritable paupérisation de la mobilité aérienne d’une très large partie de la population réunionnaise. Sur les 700.000 Réunionnais et résidents et les 200.000 Réunionnais expatriés, combien chaque année peuvent effectivement prendre l’avion ? L’examen des chiffres montre qu’ils sont moins de 180.000 personnes, soit à peine 20% de la population concernée.
Par les Assises du désenclavement aérien de la Réunion, COLL’AIR entend bien par les cahiers de doléances permettre à la population réunionnaise d’exprimer sa révolte face à cette impossibilité grandissante qui leur est faite de se rendre en Métropole ou de venir à La Réunion pour nos compatriotes expatriés. Peut-on croire que les compagnies aériennes, parce qu’aidées par l’Etat (cela sera-t-il conforme aux règles communautaires européennes ?) vont enfin se livrer, suite à la demande polie de la Ministre, à une véritable concurrence qu’ils se sont jamais livrées jusqu’à ce jour et faire baisser vraiment le prix de leurs billets ?
Les Réunionnais, malheureusement, ont appris à leurs dépends depuis 1985 que la loi du marché et la concurrence, quand une clientèle est captive parce qu’insulaire, disparaît vite au profit d’un accord tacite qui veut que le meilleur prix pour l’offre soit toujours le plus cher que le consommateur peut supporter. Or à La Réunion la clientèle insulaire captive ne peut que payer ou rester chez elle, ce que sont condamnés à faire le plus grand nombre à qui il reste, éventuellement, Maurice pour s’évader à prix très fort (237 euros) mais cependant plus accessible que 1.200 à 1.400 euros.
Cette méthode qui consiste à traiter des problèmes des Réunionnais sans les Réunionnais, nous laisse penser que le discours du Premier ministre, et de ses Ministres, qui prétend vouloir entendre "la France d’en bas" ne concerne pas La Réunion qui reste plus que jamais "la colonie" pour laquelle, à Paris, on décide.
Avec COLL’AIR, les Réunionnais, pour assurer leur désenclavement pérenne, veulent que l’Etat, dans le cadre de la continuité territoriale, comme le Président de la République s’y est engagé, prenne en charge 33% du prix de tous leurs billets d’avion dont ils veulent voir limiter le prix à 700 euros toute l’année. Cette mesure d’aide aux personnes financée par l’Etat et mise en place par la Région nécessitera un appel d’offres concurrentiel européen que nous souhaitons voir lancé sur la base d’un cahier des charges auquel notre association entend participer, au prix maximum toute l’année de 700 euros. Là jouera enfin une vraie concurrence entre les compagnies aériennes européennes conforme à l’intérêt des usagers et il n’y aura alors nullement besoin de leur apporter des aides ou de les prier, même poliment, de se livrer à la concurrence puisqu’elle sera bien réelle et ouverte. Madame la Ministre va-t-elle nous entendre ?
Le 16 avril, sera donnée l’occasion aux Réunionnais de montrer au Ministre des Transports qu’ils existent, qu’ils ont des idées et des propositions et qu’ils souhaitent être entendus. COLL’AIR a fait une demande d’audience au Ministre. Nous recevra-t-il et nous entendra-t-il ou, comme à Paris, se limitera-t-il à n’entendre que les transporteurs ? Les Réunionnais le sauront bien vite et en tireront leurs conclusions. Ensemble faisons entendre notre voix en COLL’AIR.


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