Pour qui sonne relance publique ?

10 juin 2020, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

La Région doit se mettre au travail pour présenter un plan de 248 millions de recettes nouvelles.

Le Préfet a arrêté un plan de relance de la commande publique qui m’oblige à rappeler que le virus n’est pas le principal responsable de l’effondrement économique.
En effet, nous vivons depuis longtemps une crise structurelle néo-coloniale qui nécessite une refonte complète de la gouvernance réunionnaise. L’Insee en 2013 parle d’un « département, socialement hors norme », signifiant une mise à plat pour une nouvelle cohérence de la société réunionnaise. Les manifestations des Gilets Jaunes ont exprimé à leur manière cette urgence. La crise sanitaire n’est qu’un élément aggravant.

Le 30 janvier 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé décrète « l’urgence sanitaire internationale » après l’annonce de 170 morts en une journée à Wu Han. La France pointait un 6e cas de contamination. La Réunion vit un autre événement.
Ce même jour, le Président du Conseil Régional fait voter un budget 2020 diminué de 248 000 000 euros par rapport à l’année d’avant. C’est un budget d’austérité sévère de (23 %). Cette décision ne s’est accompagnée ni d’une étude d’impact des secteurs victimes, ni d’un calendrier de recettes nouvelles, ni d’un plan de relance.
Or, le 14 décembre 2018, l’élu écrit au Président de la Chambre Régionale des Comptes : « depuis trois ans le budget de la Collectivité régionale dépasse le milliard d’euros. Un niveau jamais atteint précédemment. » Après l’extase, la chute est brutale : 0,8 milliard !
De plus, le montant consacré à l’investissement est équivalent à celui de 2009. Sauf qu’en juin 2009, la Région livrait la Route des Tamarins. En juin 2020, la NRL est à moitié du chemin. Le budget ne suit pas.
Dans 4 mois, fin octobre, les élus régionaux vont discuter des orientations budgétaires pour 2021. Sûre que la Collectivité ne retrouvera pas le niveau du milliard d’euros des années précédentes. Le Président de la CRC appréciera la plaisanterie.

Quant aux milliers d’entrepreneurs et commerçants qui souffrent, ils devront s’en prendre à leurs 2 présidents de Chambres consulaires qui ont voté la régression budgétaire. L’intérêt personnel a supplanté l’élu professionnel, en abandonnant leurs pairs.
Pour les élus régionaux impliqués dans les Municipales, la relance sonne faux. Au final, les 130 millions de commande publique annoncés par le Préfet sont louables. Mais, ce montant doit être comparé avec la baisse de 248 millions de dépenses publiques intervenues avant le Covid-19.

Ary Yée Chong Tchi Kan

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