Pourquoi dire non au Contrat permanent d’exploitation ?

4 mars 2006

Résumée en quelques mots, la logique qui sous-tend la politique gouvernementale de l’emploi au niveau du Contrat permanent d’exploitation (le fameux CPE) est la suivante : "le licenciement sans règles est créateur d’emplois !"
Pour contrer les progressistes, nos ultra-libéraux n’ont qu’un mot à la bouche : le modèle danois qui donne la possibilité aux employeurs de licencier sans motif, tout en oubliant de préciser la contrepartie de cette flexibilité, le maintien de 90% du salaire pendant plus de quatre ans au Danemark !
L’adéquation entre l’offre et la demande de travail par une plus grande flexibilité rendrait notre économie plus efficace ; le gouvernement tient son crédo : la précarisation est un instrument de croissance !
Le PSR solidaire de la jeunesse exige le retrait de cette machine à produire des inégalités. Plus que jamais nous devons résister au coup de force ultra-libéral, car le CPE c’est :

- Un horizon professionnel qui peut être remis en cause à tout moment par l’employeur,

- 730 jours d’angoisse et d’incertitude, sans pouvoir faire de projet, où l’avenir même se transforme en intérim, avec des conditions de travail (horaire et sécurité) imposées,

- l’impossibilité d’adhérer à un syndicat pour défendre ses droits, et sans oublier les trois ans d’exonération de charges patronales pour l’embauche d’un jeune au chômage depuis 6 mois (ce qui ne manquera pas de réduire les ressources d’une sécurité sociale à l’agonie qu’il faudra bien renflouer par une ponction fiscale supplémentaire).

Le gouvernement de droite a de la suite dans les idées :
En violation de la convention n°158 de l’Organisation internationale du travail, dont l’article 4 prohibe tout licenciement sans motif, la droite compte sur l’effet d’aubaine pour voir baisser le chômage des jeunes la première année (effet qui sera annulé par les licenciements l’année suivante) ceci, pour avoir une courbe de chômage idéale et aborder dans de meilleures conditions les élections de 2007...
Après l’échec de la "directive Bolkestein" et de sa clause du pays d’origine, qui aurait permis une pression à la baisse des salaires, après la réduction à 14 ans de l’entrée en apprentissage (qui devient plus protecteur qu’un vrai contrat de travail puisque sa durée est de 2 ans), le jeune apprenti de 16 ans formé, aura 10 ans (3.650 jours) de précarité et de mise à l’essai, rien que cela !
La jeunesse devient une variable d’ajustement conjoncturel, jeunesse précaire, jeunesse kleenex !
Ensemble, dès maintenant interrogeons nous, notamment :
À ceux qui croient que le CPE c’est mieux que rien, quelles garanties ont-ils que ce contrat, s’il est voté, ne sera pas étendu demain à l’ensemble des salariés ?
Quel intérêt y aurait-il pour un employeur de confirmer un jeune dans son emploi, alors qu’il disposera d’un vivier de jeunes taillables et corvéables à merci ?
Que deviennent les salariés licenciés avant le sixième mois de contrat et qui ne seront pas couverts par l’assurance-chômage (il faut six mois de cotisations pour en bénéficier) ?
Tous les jeunes désormais seront précaires, à moins de réussir au concours d’entrée dans la fonction publique ; ce n’est pas le moindre paradoxe pour un gouvernement dont l’objectif affiché est le démantèlement de son administration (ex. pour l’éducation nationale moins de 7.328 postes aux concours soit moins de 24% en 2006).
Une certitude, mais une seule, ce CPE ne s’appliquera pas aux enfants de nos énarques, pour eux l’ascenseur social atteint toujours des sommets. Pour nos enfants, la meilleure alternative au CPE reste le Contrat à Durée Indéterminée, c’est à dire : la forme normale d’une embauche. C’est la raison pour laquelle il faut dire “non” au CPE.

Edem Antony - Éric Delorme
Membres du bureau de PSR


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus