Pourquoi un Observatoire des prix ?

20 novembre 2006

Il est question d’installer un Observatoire des prix à La Réunion. Mais pour observer quoi ?
Un hebdomadaire de télévision publie chaque semaine un tableau des prix de 5 produits dans des enseignes de l’île.
Pour une bouteille de Coca-cola de 2 litres, les prix relevés les 25 et 26 septembre étaient les suivants : Champion (La Montagne) ; 1,90 euros ; Casino (Providence) : 1, 95 euros ; Champion (Butor) : 1,96 euros ; Carrefour (Sainte Clotilde) : 1, 46 euros en promotion ; Score (Chatel) 1,65 euros en promotion ; Super U (Saint-André) 1,4 euros ; Géant Casino (Saint-Pierre) ; 1,90 euros ; Hyper Champion (Saint-Pierre) : 1,64 euros ; Dia (Saint-Pierre) : 1,90 euros ; Jumbo Score (Savannah) : 1,65 euros
Entre le prix le plus bas, hors promotion (1,64 euros) et le plus haut (1,96 euros), la différence est de 0.32 euros. Soit 19,5% de hausse. Ces deux magasins sort du même groupe.
Deux magasins de Saint-Denis font des promotions à tarifs différents : 1,46 euros et 1,65 euros (13% de différence)
Ces trois enseignes de la commune de Saint-Pierre pratiquent des prix qui varient entre 1,64 euros à 1,90 euros (16% de différence).
Sur un autre produit - Mir vaisselle de 750 litres -, les prix relevés les 18 et 19 septembre étaient : Champion (La Montagne) : 3,07 euros ; Score Express (Moufia) : 2,50 euros ; Jumbo Score (Chaudron) : 2,80 euros ; Champion (Tampon 14c) : 2,95 euros ; Géant Casino (Saint-Pierre) : 2,80 euros ; Score (Terre Sainte) : 2,79 euros ; Casino (Boucan) : 3,05 euros ; Champion (La Saline Les Hauts) : 3,17 euros ; Super li (Le Port) : 2,97 euros.
Entre le prix le plus bas (2,79 euros) et le plus haut (3,17 euros), la différence est de 0,38 euros (13,61%). On constate aussi que même groupe (Champion) applique trois prix différents.
Lorsque les constats portent sur des produits frais, les différences sont plus conséquentes. Les 18 et 19 septembre, le prix d’un kilo de haricots verts variait entre 2,70 et 5,40 euros. Soit du simple au double !
Le prix d’un choux-fleurs s’échelonnait entre 1,75 et 2,50 euros (25 et 26 septembre). Soit 42% de différence.
Le Coca et la lessive sont des produits manufacturés. Le premier est fabriqué localement, le second importé. Les variations observées résultent donc d’initiatives prises sur le plan local.
Ceux qui demandent un Observatoire des prix ont un objectif : établir la différence entre prix réunionnais et prix métropolitains afin de déterminer la différence de coûts de la vie pour pouvoir demander, ensuite, de corriger tous les revenus (salaires, minima sociaux) pour tenir compte de la différence constatée. Une démarche qui peut aller loin : lorsqu’il était maire, André Thien Ah Koon avait demandé une revalorisation des indemnités des élus réunionnais pour tenir compte du différentiel de coûts de la vie !
Mais nous ne voyons pas la réalité qui est sous nos yeux : les prix sont différents à l’intérieur de l’île, dans des conditions étonnantes. Pourquoi la même enseigne vend-t-elle le même produit à des prix variables ? Comment, sur un territoire aussi petit que celui de La Réunion, peut-on enregistrer autant de différences avec de telles ampleurs ?
Dans la bataille pour un Observatoire des prix, il est nécessaire de commencer par comparer les prix chez nous et comprendre pourquoi il en est ainsi. C’est à notre portée. Nous n’avons pas besoin du gouvernement pour le faire.
Cela nous posera inévitablement un autre problème. Accepterons-nous qu’un Dionysien paye sa bouteille de Coca plus cher qu’un Saint-pierrois ? Sinon, comment exiger que cette bouteille soit au même prix à La Réunion qu’en Orient ?
L’important n’est pas d’évaluer le plus correctement possible la différence entre le coût d’un panier de la ménagère réunionnaise et son équivalent en Métropole. Il est plus décisif de connaître par quels mécanismes se forment les prix et les coûts locaux. Notre responsabilité n’est pas de mesurer une différence, c’est d’agir pour la corriger.
En interpellant le gouvernement seulement et uniquement sur la comparaison des prix entre La Réunion et la Métropole, nous entrons dans son jeu. Nous lui évitons de répondre à deux problèmes de fond : quels sont les facteurs internes et extérieurs à La Réunion qui jouent dans la formation des prix et comment agir dessus pour réduire les coûts et donner un peu plus de marges aux familles.

Mari Soares,
Rivière des Galets

Lutter contre la vie chère

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Bonjour à tous

    Je voudrai ajouter ceci : un observatoire des prix, oui. Mais comparez les prix en hors taxe.

    Je fais remarquer que non seulement les prix sont plus élevés à la Réunion, soit, mais que la TVA est plus élevée en métropole par rapport à celle pratiquée à la Réunion.

    Par ailleurs, nous achetons des revues plus chères à la Réunion et souvent les jeux, offres et autres figurant dans ces revues ne sont valables que pour la France métropolitaine.

    Vérifiez par exemple la différence de prix du journal Femme Actuelle pour ne prendre que celle-là.

    Merci de m’avoir lu.

    Maxime Lamarque


Témoignages - 80e année


+ Lus