Présidentielle, une dialectique politique à élucider !

2 juin 2006

Il faudra bien que chacun l’admette, la formation sociale française, forte de sa riche histoire républicaine et révolutionnaire, a généré une relative autonomie du peuple lui-même dans la menée de ses choix essentiels. Il a déjà, par le passé, engendré de multiples surprises politiques et quelques déconvenues ou attentes déçues, dans une relative indifférence d’une classe politique souvent historiquement incapable, dépassée ou vieillie à force de cooptation dynastique ou d’enfermement dans l’étroitesse de clans fermés ou de micro appareils internes ou externes aux grandes formations. Le peuple se met en marche, s’ébroue et elle dégringole au profit de nouveaux venus opportunément investis dans le giron des partis les plus anciens tandis que la frange la plus radicale se cristallise en structures contestataires aspirant à de nouvelles formes d’unité.

(...)

PS :
La dialectique est retorse et ces mauvais analystes pourraient finir par avoir raison à force d’avoir tort si nous nous en laissions convaincre, en forme de prophétie auto réalisatrice de l’échec, car le peuple a besoin de structures politiques de référence pour agir comme il le doit quand il le souhaite. Prêt au changement, il ne peut s’engager totalement sans qu’elles contribuent à en créer les conditions, faute de quoi il pourrait se résigner à renoncer à l’alternative au profit récurrent d’une alternance de recours palliatif bien que de peu d’intérêt.

C’est dans “Le Monde” daté du 23 mai qu’on peut lire ce texte de Michel Noblecourt où celui-ci estime que le réel démentirait le pronostic de Marie-George Buffet annonçant naguère que : "le “non” de gauche allait booster la gauche". À court terme et mécaniquement, il a raison ; de même lorsqu’il signale que la gauche antilibérale n’était pas seule opposante au CPE ; aussi quand il note le refus de la majorité de la LCR à s’engager derrière l’appel, et l’obstacle que représente son rejet catégorique de toute forme de compromission avec le Parti socialiste, en l’opposant aux échanges que persiste à pratiquer le PC avec le PS. Pour autant, il ne peut prétendre à ce que le bateau "prend l’eau" alors qu’il est encore quasiment au sec, tout juste rapproché du rivage et bien loin encore d’avoir quitté le port.
Ce qu’il décrit, c’est la situation classique, celle qui prévaut depuis les années 80 à 90 marquées par l’effondrement du socialisme réel et le recul sensible du PC en France. Il en a résulté l’émiettement groupusculaire et l’agitation désordonnée de militants restés sans perspectives autres que la dénonciation des diverses compromissions et manquements, incapables de se réunir, s’unifier, dépasser le vécu tumultueux de leurs vécus respectifs, s’accorder si peu que ce soit.
C’est en train de changer, à la Française, à force d’appels d’intellectuels et de déclarations favorables à l’unité, mais aucune des composantes de la gauche antilibérale ne vient de se découvrir subitement suicidaire en sorte qu’il serait ahurissant, à la fois étonnant et stupide, que ne subsistent et se développent des contacts multiples entre certaines de ses composantes et le Parti socialiste pris comme tel. Une rupture trop radicale engendrerait à terme l’effondrement de bien des majorités municipales, sans parler des départements et régions, et au seul bénéfice de la droite bien sûr.
Sans doute, il est douteux que le schéma PRS ne s’incarne jamais et le candidat du PS sera sans doute dans l’axe néolibéral majoritaire de ce parti. Sans doute aussi, le PCF rêve-t-il volontiers d’un candidat maison redorant son blason. Ce qui importe est de savoir quel sera finalement le candidat des antilibéraux de gauche et là, pour l’instant, chacun a son idée. Pour notre part, il ne semblerait pas gênant qu’il soit "issu du PCF" comme a pu le souhaiter Marie-George Buffet, surtout s’il en avait été tellement issu qu’il s’en soit trouvé comme exclu par lui-même mais pas forcément avec son assentiment. Les dirigeants communistes ne peuvent ignorer le ressentiment qu’ils inspirent chez certains antilibéraux, l’inquiétude qu’ils génèrent dans la majorité de la jeunesse instruite du contenu du stalinisme en histoire, au lycée ; le handicap qui en résulte dans l’électorat populaire dès lors qu’il est question de leur parti hors de ses fiefs résiduels traditionnels. Il ne peut que s’en prendre à lui-même dans son incapacité historique subsistante à ce jour d’oser enfin faire le ménage de son propre passé. Heureusement, cela n’empêche pas les autres antilibéraux organisés, pourtant particulièrement bien avertis en ces diverses matières, de les admettre comme ils sont, s’associer avec eux et discuter. (...)
La candidature antilibérale commune au premier tour de la présidentielle doit être porteuse du contenu de la Charte, enrichie de l’apport des partis régionaux. Elle doit être séduisante et fiable au regard de l’opinion, travailler à réunir le maximum de voix, avoir l’ambition d’être la première à gauche. Elle doit convenir avec le Parti socialiste, d’un désistement républicain anti-droite en réciprocité de principe au second tour, ouvrir la voie au succès aux législatives. Elle doit créer les conditions à des développements inédits.
Une dynamique unitaire efficace conduirait au ralliement de la LCR ou à son éclatement. Elle rendrait incontournable les thèmes et propositions de la Charte Alternative. Elle obligerait le PS à une révision de sa dogmatique néolibérale acquise, en retour à ses fondamentaux populaires traditionnels. Elle pourrait même conduire à la liquidation des chapelles au profit du Parti ou Mouvement Alternatif dont les divers peuples de France ont besoin. Elle pourrait changer la donne en France et en Europe, engendrer de nouvelles lignes de démarcation, de nouvelles alliances, une nouvelle majorité parlementaire, un nouveau gouvernement, une nouvelle politique.

La victoire des forces alternatives anti-liberales en France aurait des effets sur le monde entier !

François Esquer,
porte-parole du MGER


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