Présidentielle : vers la surprise antilibérale !

11 mai 2006

Ce n’est pas de gaieté de cœur que les alter-mondialistes, écologistes et internationalistes proeuropéens les plus convaincus ont dit non, l’an passé, au projet de Constitution européenne. Ils s’y sont résolus sous la contrainte exercée par la crainte du contenu libéral réactionnaire d’un texte proposé par la droite libérale, soutenue par la majorité tout aussi libérale d’un Parti socialiste de plus en plus éloigné de ses racines ouvrières et populaires, en rupture avec ses principes originels fondamentaux. Ce n’est pas irréversible tant une telle orientation reste contradictoire de l’intérêt réel de l’électorat socialiste, plus encore de l’immense majorité des salariés, du peuple travailleur et de ses franges dénuées d’emploi, sans oublier la jeunesse lycéenne et étudiante disponible à de nouvelles mobilisations. Le PS est versatile, avec ce parti, rien n’est jamais définitif.

En France, une majorité de citoyens s’est reconnue dans le refus de l’Europe libérale, 60/100 dans l’Île de La Réunion. Les militants ont fait leur travail, le peuple a fait le sien. Il y a eu beaucoup de mérite si l’on mesure à sa juste importance la portée négative de l’émiettement traditionnel de la gauche antilibérale dans le pays. Cette dispersion n’est pas sans motifs, tous liés à l’histoire contemporaine, nationale, européenne et mondiale telle qu’elle est analysée et perçue par les chefs politiques des organisations. Plus encore elle s’enracine dans le vécu particulier de leur lien au mouvement ouvrier révolutionnaire tel qu’ils l’ont eu en partage avec leurs camarades de parti et surtout avec leurs ex-camarades des organisations concurrentes. Là, en dépit du référent Marxiste des uns ou des autres comme de la teneur de leurs discours empreints de relations à des analyses de classe savantes, gît le problème psycho-politique principal.

Contrairement à la droite classique comme à la gauche social démocrate qui sont également capables de passer outre les haines individuelles les plus féroces, liées aux trahisons les plus éhontées, au nom de l’intérêt supérieur de leur camp, la gauche anti-libérale se complait dans une posture de gauche extrême, sectaire et vindicative, incapable de surmonter ses divisions organisationnelles historiques liées à des enjeux révolus. Elle sait dire non et convaincre, aller au-devant des exigences populaires, contribuer puissamment à la victoire de la jeunesse et des syndicats à l’encontre du CPE. Elle ne sait pas s’entendre pour proposer et l’emporter même quand elle défend des principes et des revendications à peu près semblables, parce qu’inspirées des revendications et exigences pratiques issues du monde syndical et associatif. Elle a une attitude profondément gauchiste, au sens où l’entendait Lénine pour le déplorer en l’analysant comme "maladie infantile" à surmonter. Tout n’est pas à prendre chez Lénine, tout n’est pas à jeter non plus.

La gauche antilibérale doit s’unir, elle doit se rassembler derrière une candidature antilibérale unique, quelle qu’elle soit, au premier tour de la présidentielle avec pour ambition de figurer ou de peser sur le deuxième en mettant en avant des propositions très avancées, de nature très simple à comprendre pour tout un chacun.

Par exemple : -1) la revalorisation des salaires - 2) le rétablissement et la généralisation des 35 heures partout - 3) l’abolition du CNE - 4) la reconstruction d’un secteur public stratégique - 5) l’interdiction des OGM -6) le recrutement d’enseignants et fonctionnaires au niveau des besoins - 7) la reconnaissance de la diversité des peuples constituant le peuple français - 8) l’introduction du principe de subsidiarité dans le rapport entre l’État et les Régions, les Régions et les communes - 9) l’instauration du RMI à 18 ans en prélude au salaire citoyen pour tous - 10) la mise en place d’un service civil et civique mixte et volontaire à caractère humanitaire et social dans les diverses régions - 11) l’abolition des départements...

Il faudrait que le candidat choisisse de mettre en valeur cinq ou six de ces propositions, qu’il mène campagne avec le soutien de toutes les forces antilibérales et crée la surprise à l’élection où rien n’interdit a priori l’éventualité d’un duel gauche libérale contre gauche antilibérale au deuxième tour ou bien, en tout cas, l’obligation pour chacun en France et en Europe d’enregistrer enfin l’avènement d’une force alternative fédérée digne de ce nom et apte à la menée d’autres combats. Une telle perspective n’est pas impossible ; en politique, la base peut peser sur le sommet.

François Esquer, porte-parole du MGER


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