Propositions Vergoz et Robert sur l’éducation : les deux font la paire

20 mars 2010

Vergoz propose la réhabilitation du bâti scolaire du Primaire : il ne fait que reprendre ce qu’a fait l’Alliance en 1998, mais il se garde bien de le rappeler. Il propose des accompagnements scolaires et péri-scolaires. Cela existe déjà, des communes l’ont mis en place. Pendant des années, des jeunes ont été formés pour accompagner les enfants le soir. Souvent, c’étaient des emplois jeunes. Dispositif que l’UMP s’est empressé de supprimer, d’ailleurs.

Michel Vergoz propose l’apprentissage de l’anglais dès la Maternelle. Didier Robert est plus ouvert et veut encourager l’apprentissage des langues étrangères dès le plus jeune âge. Il ne dit pas qu’il va le faire en Maternelle, et pour cause : l’UMP envisage très sérieusement de supprimer purement et simplement la Maternelle, en posant le problème sous l’angle du rapport coût/efficacité du système de scolarisation des enfants entre 2 et 3 ans.

Idée louable, certes. Mais qui est quelque peu irréaliste et irréalisable. Simple question, mais qui, au fond, n’est qu’un détail : qui va assurer cet apprentissage ?

Ce qui est le plus embêtant, c’est que ni Vergoz, ni Robert ne semblent avoir pris la mesure de ce qu’est la diglossie à La Réunion. Il y a des enseignants sur les deux listes (et plus sur celle de Vergoz). Ils pourraient certainement dire que certains enfants ont réellement « du mal » avec le français, le mot « mal » étant là pris pratiquement dans le sens physique du terme. Du mal à identifier ce qui relève du français de ce qui relève du créole. Il y a un mélange des deux. C’est cette diglossie qui crée les conditions de l’échec scolaire. Et dans la foulée, entraîne l’illettrisme.

Dépasser la diglossie pour arriver au bilinguisme, c’est déjà avoir franchi un pas. Mais le bilinguisme, à La Réunion, c’est la maîtrise du créole et du français. Côté socialiste, on estime que pour sortir de la diglossie, il suffit d’afficher les informations en créole sur les murs des mairies… Côté UMP, on se garde bien d’aborder le sujet du créole.

Vergoz et Robert, certainement par souci d’ouverture au monde, veulent l’apprentissage d’une langue étrangère… mais en fait, ils veulent une deuxième langue étrangère, puisque le français n’est pas la langue maternelle de bien des jeunes Réunionnais.

Si l’enfant doit simultanément apprendre le créole, le français et une langue étrangère, il est bien évident que cela va générer encore plus d’échecs scolaires, seuls ceux qui maîtrisent déjà les deux langues — ou seulement le français — pourront tirer bénéfice de ce nouvel apprentissage. Pour les autres, c’est une nouvelle source d’échec, de frustration et une nouvelle porte ouverte sur l’illettrisme.

Alors, d’illettrisme, tous deux en parlent et proposent la même chose : des points lecture dans les villes ou les quartiers. Plus ou moins avec le réseau associatif. Mais il manque, dans les deux cas, un absent de marque : l’Éducation nationale ou le Rectorat. Ni l’un ni l’autre n’en parle. Faudrait-il voir là l’idée que, selon eux, les enseignants ne sont pas capables de mener à bien leur mission d’éducation ?

Kora-Ly Payet

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