Prose de la grève

16 avril 2003

Voilà quelques réflexions d’enseignante en ces temps de grève nécessaire :

Je regardais la guerre à la télé
(Comme je suis plus "méchante", je dirai : "je regardais mon nombril - ma fiche de paie" ou "je bronzais à Saint-Gilles".)

Quand ils ont liquidé les MI-SE
Je n’ai pas bougé
On allait les remplacer par des assistants d’éducation

Quand ils ont viré les emplois-jeunes
Je n’ai pas bougé
Ils n’avaient qu’à se remuer avant et passer les concours

Quand ils ont régionalisé les Co-psy et les assistantes sociales
Je n’ai pas bougé
Je n’étais pas là pour faire du social

Quand ils ont régionalisé les personnels de cuisine et d’entretien
Je n’ai pas bougé
L’essentiel était d’avoir quelque chose dans son assiette, non ?

Quand ils ont suspendu un C.P.E. à Nîmes pour faits de grève
Qu’ils ont réquisitionné des pions, outrepassant leurs prérogatives
Je n’ai pas bougé
Je n’étais pas gréviste

Quand on m’a demandé de me mobiliser pour tous ces gens-là
Je n’ai pas bougé
Pourquoi perdre des journées de salaire
Quand d’autres faisaient grève à ma place ?

Quand ils ont touché aux retraites
Je n’ai pas bougé
J’étais loin encore de la retraite

Quand ils ont touché au statut des profs
Là je me suis réveillée
Mais personne n’est venu me soutenir
Alors, je me suis dit : c’est écœurant !
Y’a vraiment aucune solidarité à l’Éducation nationale !


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