Quand le passé éclaire le présent : il y a un siècle aux États-Unis d’Amérique...

25 août 2004

Au moment où les Américains s’apprêtent à aller voter pour élire leur président, comment ne pas faire le rapprochement, à une centaine d’années de distance, avec le temps “béni” des Morgan, Ford et autres Rockefeller..., ceux que l’Histoire désigne sous le nom de “barons voleurs” parce qu’ils régnaient en maîtres sur le pays, exerçant une véritable dictature économique et sociale, tandis que la présidence, le Congrès, la Cour suprême et les deux plus grands partis de gouvernement étaient déjà étroitement liés aux trusts industriels et financiers ? L’État américain était déjà la providence des riches.
Hier comme aujourd’hui, la lutte électorale était circonscrite entre les mêmes deux principaux protagonistes : en 1884, c’était le démocrate Cleveland qui affrontait le candidat du Parti républicain ; lequel défendait ouvertement les intérêts des riches. Cleveland avait promis de s’opposer aux pouvoirs des monopoles et des grandes entreprises mais dès qu’il fut élu, il reçut les félicitations d’un des grands patrons de l’époque, qui lui télégraphia pour lui dire qu’il "avait le sentiment que les intérêts de l’élite des milieux d’affaires (seraient), avec lui, entre de bonnes mains". ll avait tenu lui-même à rassurer les industriels : "Aussi longtemps que je serai président, aucune mesure administrative ne portera tort aux intérêts des milieux d’affaires. Le transfert de l’exécutif d’un parti à un autre ne signifie pas de sérieux bouleversements".
Hier comme aujourd’hui, la campagne électorale avait été semblable aux autres : même volonté de gommer les différences qui pouvaient apparaître entre les deux partis, même insistance pour mettre en valeur la personnalité des candidats par le rappel de certains traits de leur passé, des détails de leur vie privée...
Dans les manuels d’histoire, comme dans les médias, la place centrale a toujours été réservée aux chefs d’État - "nos héroïques dirigeants" - dans l’exercice de leur fonction, au détriment des conflits sociaux, des luttes populaires. Le contraire de ce que démontre pas à pas le grand historien américain Howard Zinn, rétablissant ainsi la vérité, dans son ouvrage magistral “Une histoire populaire des États-Unis”.
C’est lui qui cite le mot d’un certain Henry Adams, toujours aussi actuel un siècle après : "Le plus amusant, c’est que personne ne traite des vrais problèmes. La presse s’est lancée dans un débat hilarant pour savoir si M. Cleveland a un fils illégitime et plus d’une maîtresse".
Aujourd’hui, c’est le passé militaire de chacun des deux principaux candidats qui est l’objet de toutes les attentions. Le seul point de différence, qui tranche nettement avec hier, c’est l’importance accordée à la lutte contre le terrorisme, objet de tant de spéculations de la part du candidat sortant.
Quoi qu’il en soit, de George W. Bush ou de John Kerry, personne ne s’attend vraiment, pour reprendre l’expression du président Cleveland à de "sérieux bouleversements" dans la vie économique, politique et sociale du pays. Ce qui explique le peu d’intérêt général pour cette élection, alors qu’en la circonstance, se joue en grande partie l’avenir des États-Unis et du reste du monde.

Georges Benne,
Le Tampon


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