Quand le peuple réapprend à dire non

23 septembre 2004

C’est au peuple qu’il reviendra de transformer son refus de la constitution en un “oui” à une Europe sociale et respectueuse des peuples.

Il n’y a rien de pire en politique que de dire que l’on ne peut pas faire autrement, que l’on est emporté par un mouvement plus vaste qui nous dépasse et que nous sommes impuissants. Ce discours, nous le subissons en France depuis vingt ans, quelle que soit la majorité au pouvoir : l’incontournable tournant libéral de 1983, l’inévitable participation à la guerre du Golfe en 1991, la nécessaire construction libérale de l’Europe en 1992, l’imparable réforme des retraites en 1993 et 2003, de la sécurité sociale en 2004, et maintenant celle des 35 heures.
Ce discours, celui de la pensée unique, continue de faire des ravages dans l’économie et la société : délocalisations, licenciements, pertes de pouvoir d’achat, ralentissement de la croissance, désespoir des plus fragiles, exclusion, repli sur soi, violence.
Ce malaise connaît une traduction politique : la poussée abstentionniste d’une part, le repli sur le vote identitaire et extrême d’autre part. Le peuple désemparé devant l’impuissance du politique à lui proposer autre chose s’en détourne ou se radicalise.
Le fort mouvement social exprimé dans la rue en 2003, même s’il n’a quasiment rien obtenu du gouvernement en place, fut porteur du retour d’ une dynamique du refus. Les déroutes électorales du gouvernement en 2003/2004 lui doivent beaucoup.
Les référendums de 2003 en Corse, aux Antilles, ont permis aux citoyens, par leur volonté de répondre non aux dérives statutaires que la majorité de la classe politique leur proposait, de réaffirmer la souveraineté populaire. Le peuple réapprend à dire non.
C’est dans ce contexte qu’intervient la consultation des Français par référendum à propos de l’adoption de la Constitution européenne. La majorité de nos élites, de la classe politique et des médias nous présente l’approbation de la constitution comme une étape incontournable de la construction européenne, fût-elle libérale et peu soucieuse du respect de la souveraineté populaire.
Aucun autre choix n’est possible. C’est ça ou le chaos. Tout contradicteur est immédiatement cloué au pilori et soumis à la vindicte de la pensée unique et de ses relais. Tout partisan du non est catalogué comme antieuropéen, irresponsable, dangereux voire même conservateur ou traître. Il en est ainsi des Chevènement, Buffet, Montebourg, Emmanuelli, Fabius...
Or que disent ils ? Que l’Europe que l’on nous prépare sacralise la loi du marché érigée en dogme inébranlable.
Qu’elle prépare l’effacement de la notion de service publique et rend difficile, par son système de vote à l’unanimité, toute perspective de consensus sur d’éventuels progrès sociaux.
Qu’elle enlève aux peuples leur capacité à peser sur leur choix de société.
Si les tenants de la pensée unique sont aussi féroces avec les porte-drapeaux du non, c’est parce que leur détermination, au-delà des calculs politiques, leur fait peur.
Peur de voire une majorité de Français se rallier à leur refus circonstancié, peur d’une réappropriation par le peuple de la parole que les élites lui ont confisqué. C’est au peuple qu’il reviendra de transformer son refus de la constitution en un oui à une Europe sociale et respectueuse des peuples. Rendez-vous en 2005.

Pascal Basse,
premier secrétaire fédéral du MRC Réunion


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