Réfléchir à notre responsabilité collective à l’ère de la pandémie de Covid-19

7 septembre 2021, par Reynolds Michel

Nous faisons face depuis plus d’une année et demie à une crise sanitaire planétaire dont l’ampleur et la complexité ont un caractère tout à fait exceptionnel et inédit. Une crise sanitaire qui a généré une crise économique et sociale, car il a fallu agir dans l’urgence en mettant quasiment à l’arrêt la machine économique par l’imposition des mesures de fermeture des frontières, de confinement partiel ou total des populations menacées, de respect des gestes barrières, de distanciation physique, de couvre-feu… en vue de protéger les plus fragiles d’entre nous. Et ce, à plusieurs reprises. Car la pandémie de la Covid-19 tue ‒ plus de 110.000 décès de Covid en France depuis le 01/03/2020 ‒ et continue de tuer tout en mettant en péril l’économie mondiale et la vie de tout un chacun.

Une 4e vague qui touche principalement les non-vaccinés

De fait, en cette fin du mois d’août 2021, la pandémie est loin d’être terminée, notamment avec la montée en force du variant Delta, plus transmissible de 40 à 60 % par rapport au variant Alpha. Responsable de la quatrième vague épidémique de la Covid en France depuis le mois de juillet 2021, ce variant aussi contagieux, dit-on, que la varicelle, est en train de s’imposer un peu partout. Selon diverses études, il circule intensément chez les enfants et les adolescents. Les victimes, comme aux Antilles et en Polynésie française où la situation sanitaire est catastrophique, se trouvent principalement chez les personnes non-vaccinées (98 % des patients admis en réanimation ne sont pas vaccinés), tout en touchant les personnes de plus en plus jeunes. C’est une épidémie de personnes non-vaccinées, déclare le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu (Le Quotidien, 02/09/2021).
Certes, parmi les personnes hospitalisées, on trouve quelques personnes vaccinées. C’était prévisible, car aucun vaccin n’est efficace à 100 %. Différentes études et enquêtes attestent l’efficacité des vaccins autorisés pour prévenir les complications et les décès, tout en réduisant le risque de transmission et d’hospitalisation. Bref, le rapport bénéfice /risque est en faveur de la vaccination. La chute spectaculaire de la mortalité due au Covid-19 dans les Ehpad après les premiers mois de vaccination est un bon exemple pour illustrer l’efficacité de cet outil pour éviter le risque de formes graves de la maladie et d’en mourir.

L’impérieuse nécessité de la vaccination

Par ailleurs, des pays considérés comme des exemples de gestion de la pandémie, comme la Nouvelle-Zélande (qui ne compte que 26 morts du coronavirus depuis le début de l’épidémie pour une population de 5 millions d’habitants), l’Australie (1 002 décès…), la Corée du Sud (2 285 décès…), le Vietnam (11 064 décès…), le Japon (16 083 décès…), grâce à leur stratégie de « zéro Covid » ‒ frapper vite et fort par des confinements et un strict contrôle aux frontières dès l’apparition d’un cas ou deux de Covid ‒ doivent avec le variant Delta faire face aujourd’hui à une hausse alarmante des cas. « Plus de 1 000 nouveaux cas en 24 heures pour la première fois en Australie ce jeudi 26 août, 1 787 cas en Corée du Sud, 11 323 au Vietnam et plus de 23 000 au Japon le 25 août 2021 (Ouest France 27/08/2021 ; L’Express, 26/08/2021 et Reuters Graphics).
En effet, depuis le début de l’été, ces pays peu vaccinés ‒ le Vietnam (2 % de sa population complètement vaccinée), le Japon (12 % de sa population…), la Corée du Sud (20 à 25 %…), l’Australie (moins de 5 %…), la Nouvelle-Zélande (20 %…) ‒ font face à la plus violente vague épidémique qu’ils aient connue, au point d’ébranler leur stratégie zéro Covid dans la lutte contre la pandémie. Ils se croyaient protégés et ont eu tort.
Dernier point mais non des moindres, les économistes nous disent que la croissance qui s’annonce sera inégale : « l’écart entre les États bénéficiant d’une politique de vaccination efficace et les autres pays va se creuser inéluctablement. Et les « gagnants » de la première vague, comme le Vietnam ou l’Australie, sont désormais à la traîne et n’ont d’autre choix que de refermer leurs frontières faute de vaccination suffisante » (Jean-François Robin, Le Covid est un accélérateur des inégalités mondiales, Le Monde, (13/08/2021).

Notre responsabilité collective est engagée

De ces diverses constatations, nous pouvons logiquement conclure à l’impérieuse nécessité de la vaccination. Car sans la vaccination, combinée avec le respect des gestes barrières, la pandémie ne pourrait être contenue. C’est ce que nous disent, dans leur ensemble, les épidémiologistes et autres spécialistes du vaccin. Pour sortir de la situation de couvre-feu, confinement, dé-confinement et ré-confinement, il convient de vacciner, vacciner, vacciner. Car le variant Delta demande une couverture vaccinale de l’ordre de 75 % à 80 %. C’est dire qu’il convient de lever toutes les résistances à la vaccination, car même limitées à de petits groupes au sein de la population, elles peuvent faire échec à tous les efforts déployés pour éliminer la pandémie. Il y va de la santé et du bien être de toute la population.
Le bien-être collectif doit être notre « impératif supérieur » (Jean-Claude Kaufmann). Faire face à cette pandémie exige donc un agir collectif coordonné et responsable. La responsabilité collective de tous y est engagée. Cette dimension collective de la vaccination doit être soulignée et prise en compte dans notre réflexion sur la vaccination. Ainsi, dans la présente situation de la pandémie : refuser de porter le masque dans l’espace public, ne pas respecter les gestes barrières, refuser de se faire vacciner, sont des choix qui engagent notre responsabilité. Nos choix impactent forcément celles et ceux qui nous entourent. « Au commencement est la relation », nous dit le philosophe Martin Buber.

Reynolds Michel

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