Requiem aeternam...

11 juillet 2009

Les funérailles de Mickael Jackson ont eu lieu au cimetière de Forest Lawn à Hollywood Hills, Los Angeles. Par temps clair, on dit qu’on peut apercevoir les Studios Disney. Bamby appréciera-t-il la délicate attention ? Pas sûr, car les vœux du “Roi de la pop” étaient d’être incinéré à Neverland Ranch. De fait, son ardent désir de se consumer définitivement s’est heurté à toute une série de questions d’autorisations et de permis mais aussi et surtout aux souhaits contraires de certains membres de sa famille qui n’ont pas vu les choses sous cet angle par trop expéditif. Ne se sentant pas liés par les vœux du défunt, ils organisent une grande messe de requiem comme seule l’Amérique peut sans doute le faire. Et les commentaires vont bon train dans la presse américaine. On n’hésite pas à invoquer pour la justifier le nécessaire travail de deuil des centaines de millions de fans qui pourraient demeurer à jamais traumatisés par la perte de l’idole. L’exposition du corps de M.J devient une quasi action de salubrité publique. Parents et amis sont convoqués pour le dernier voyage et pour témoigner de l’universalité quasi cosmique du défunt. La presse elle-même, prompte à stigmatiser « l’anormalité » de l’artiste, rivalise de superlatifs à chaque phrase. On n’hésite pas à évoquer d’audacieuses comparaisons ; par exemple, lors de la mort d’Abraham Lincoln, premier président de l’Amérique post-esclavagiste et sécessionniste, son corps a fait un long périple ferroviaire avec une étape à 180 villes pour que chaque citoyen puisse épancher sa peine en "présence" du disparu. Dans un domaine plus lyrique, on ose le rapprochement avec l’Iliade d’Homère dans lequel un autre roi, troyen celui-ci, Priam, a risqué sa vie en entrant dans un camp grec pour récupérer le corps de son fils Hector, un acte qui a déclenché les larmes d’Achille lui-même. Plus près de nous, on rapporte que de nombreux soldats cherchent encore les restes de leurs compagnons d’infortune tombés depuis longtemps, notamment au Vietnam. Le deuil et la mémoire sont indissociables, et pouvoir rendre un dernier adieu aux morts est, si l’on peut dire, vital aux vivants. Ce qui rend d’ailleurs si déchirant les situations où les corps sont à jamais perdus, l’actualité aéronautique récente nous le rappelle. Mais alors, que fait-on des dernières volontés du défunt ? Aux États-Unis, on pense qu’un afro-américain (stolen from Africa, brought to America, chantait B. Marley) unanimement connu de l’humanité devait sa dépouille mortelle à cette même humanité. Les fans auront leur sanctuaire. Contre l’avis (la vie ?) de leur dieu. D’autres, arrachés de cette terre d’Afrique et qui ont connu de l’humanité que le crime qui a été perpétré à leur encontre, n’ont pas eu cette chance et on le leur refuse encore aujourd’hui. Leurs descendants cherchent toujours...

J. Flahaut

Spécial 50 ans du PCR

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus