Respect mutuel soit, mais en gardant les yeux ouverts

9 février 2005

(Page 9)

Dans un courrier adressé à la presse, le Père Dennemont prône "le respect mutuel" entre les croyants et les incroyants, "un profond respect de la personne du croyant et de l’incroyant, le respect de sa conscience, de sa recherche de la vérité et du bonheur".
On pourrait adhérer à ce programme si l’auteur du courrier s’en tenait là. Malheureusement il revendique encore du respect pour "un objet", comme il dit, à savoir la Bible qui, selon lui, serait "le Livre de la Parole de Dieu". À partir de là, on ne peut plus le suivre. Pour plusieurs raisons.

Affirmation gratuite

Premièrement, c’est une affirmation gratuite et partisane que de prétendre que la Bible est la Parole de Dieu. Les croyants chrétiens l’admettent peut-être, encore ne sont-ils pas nombreux à en lire le texte. Mais il y a une multitude d’autres croyants, musulmans, hindouistes, bouddhistes, shintoïstes, taoïstes... qui ne partagent pas cette opinion. Ils ont leurs propres textes sacrés.
Soit dit en passant, il est pour le moins curieux que Dieu ait pu délivrer des “Paroles” différentes aux quatre coins de la planète. La diversité des religions montre à l’évidence que les prétendues “révélations” sont l’œuvre des humains et non de Dieu.
Deuxièmement, le Père Deunemont croit faire une concession aux incroyants en avouant tout net que la Bible n’est "ni un livre de science, ni un livre d’histoire". Fort bien, mais il faut aller plus loin. Il faut admettre que la Bible présente une cosmogonie (conception de la formation du monde) contraire à la vérité scientifique, et une histoire d’Israël diamétralement opposée à la vérité historique. Dans ces conditions, dire que la Bible est la Parole de Dieu équivaut à dire que la Parole de Dieu est mensongère. Si j’étais croyant, je protesterais.

Quel message religieux ?

Troisièmement, selon le Père Deunemont, il ne faut pas chercher dans la Bible "autre chose que le message religieux". Autrement dit, s’il est vrai que tout le reste est mensonge, du moins trouve-t-on dans la Bible "une vérité religieuse sur Dieu". Hélas ! C’est précisément ce qui contestent tous ceux qui lisent la Bible les yeux ouverts.
Quelle est en effet "la vérité religieuse de Dieu", selon le grand prophète Moïse ? On peut lire en Deutéronome 32, 8-9 la profession de foi suivante : "Lorsque le Très-Haut réunit les peuples aux dieux, lorsqu’il partagea entre eux les humains, il délimita les territoires en fonction du nombre des dieux. Le seigneur (Yahvé) reçut son peuple en partage. Jacob (le peuple d’Israël) devint son lot".
Le Père Deunemont adhère-t-il à ce "message religieux", répandu dans tout l’Ancien Testament, selon lequel il y aurait une multitude de dieux, un pour chaque peuple, Yahvé n’étant pour sa part que "le Dieu d’Israël" ? Je connais la réponse, c’est non. Le Père Deunemont croit sans doute à l’existence d’un Dieu unique, formé de trois personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le problème c’est que cette "vérité religieuse" -là ne se rencontre nulle part dans la Bible, ni dans l’Ancien, ni dans le Nouveau Testament. Elle résulte d’une interprétation tardive de l’Église (concile de Nicée en 325).
Reste, Père Deunemont, que la Bible est une fiction merveilleuse qu’on ne se lasse pas de lire et de relire. Reste qu’elle fait partie, vous avez raison de le souligner, du patrimoine culturel mondial. À côté de l’Iliade et de l’Odyssée, du Coran, des drames de Shakespeare et du “Faust” de Goethe, on ne peut qu’en recommander la lecture à tous les croyants et incroyants du monde.
Pour ma part, ce sont surtout les croyants chrétiens que j’incite à lire la Bible. Devinez pourquoi.

Daniel Lallemand.


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Messages

  • Je viens de lire l’article "respect mutuel etc ..." J’aime bien les discutions, les démonstrations, ça part d’un bon sentiment ; mais il faut qu’elles soient étayées par des citations exactes. Le texte cité de deuteronome 32 v 8, qui bien sur m’a interpellé, est inaxact d’après ma traduction du texte hebreux, ( massorétique). Mais ais je la meilleur traduction ? La voici : "Quand le Très Haut donna un héritage aux nations, quand il sépara les enfants des hommes, Il fixa les limites des peuples daprès le nombre des enfants dIsraël",
    J’ai cherché une d’ autre traductions, mais aucune ne correspond au texte que vous citez et il n’est pas mention d’autres dieux.
    Merci, pour ma recherche personnelle, de me donner la version que vous utilisez, je suis ouvert à toutes les études, mais il faut que ce soit défendable.


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