Revendiquer ou abdiquer

25 août 2006

Qui sont nos châtreurs de pensée dans ces temps de calamités ?
Il est quand même navrant de constater que La Réunion offre toujours le spectacle d’une société qui passe une grande partie du temps à réparer les fautes ou les erreurs de ses devanciers. Comme une fatalité, les Réunionnais trouveraient à chaque fois des sources d’énergie pour une sorte de mortification qui les laisserait geler dans une soumission inconfortable mais néanmoins réelle. En somme, ils entreraient en conflits avec eux-mêmes dès qu’arrive un problème les affectant directement, mais qui reste par ailleurs essentiellement de la compétence de leurs représentants. Paradoxal ! En attendant, gargarisons-nous de notre accueil, de notre gentillesse, de notre tolérance, de notre sourire et du reste !
Rassurant ! Nous ne serions plus des demeurés !
Néanmoins, d’aucuns, sans doute des adeptes du machiavélisme ou des pince-sans-rire s’interrogent : ne faudrait-il pas contredire cette société, admirable de résignation, relevant tout à la fois de la Goyave de France et de Papa, pour la sortir d’un mal être qui l’inciterait à trop attendre des autres ?
C’est peut-être pourquoi il serait pertinent de se demander, face au niveau culturel moyen croissant, pourquoi nous serions incapables de pourvoir localement à certains de nos besoins en enseignants et ce en dépit de l’existence d’un IUFM, d’une université, des médias, etc.
Y est imbriquée une question fondamentale : Comment reconstruire en même temps une autre conception de l’élu, afin d’éviter le divorce entre les dirigeants et le peuple qui mandate ?
Certes, La Réunion restera, nous l’espérons tous, un pays d’accueil et de mobilité volontaire. Alors, de grâce, que l’injustice ne s’ajoute pas à l’inégalité des malchances quand les compétences peuvent être préparées intra-muros. Nos institutions ne seraient-elles plus adaptées ou adaptables ? Assisterons-nous ou pas à l’entrechoc de nouvelles problématiques dans le fonctionnement de nos structures pyramidales que les politiques et les syndicats compris ne parviennent pas à équilibrer ? En effet, je ne sais plus qui a dit : "Ce monopole du pouvoir à chaque niveau conduit souvent ceux qui ont peu de pouvoir à abuser du peu qu’ils détiennent.
La sélection et la compétition sont les dures mamelles qui alimentent tous les échelons de la pyramide de toutes les institutions
".
De là, les Réunionnais sont conscients que des préjugés tenaces et même colonialistes parfois, sont encore bien présents dans certains esprits. Il faut les extirper de notre vivre ensemble dans l’enrichissement mutuel pour une société meilleure où les immigrés ne sauraient être exclus tout en faisant attention aux injustices de l’intelligence qui écrasent ou tuent les moins informés...
Sans venin dans la queue, réfléchissons sur le besoin de dignité qui conduit à considérer comme insupportables des imprévisions ou des carences qui n’auraient pas de justifications...

Joseph Mondon
(Les Avirons)


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