Rien ne va plus

15 mars 2004

Comme disent les croupiers, rien ne va plus. Chaque semaine apporte son lot de mauvaises nouvelles, qui renforcent la morosité générale.
Après les intermittents, les chercheurs sombrent dans la désespérance, tandis que les buralistes respirent, si l’on peut dire.

Le gouvernement, avant les élections régionales, a eu recours au bon vieux clientélisme : il y a plus de buralistes et de restaurateurs que de chercheurs. Comme disait Coluche à propos des racistes : "Pourquoi se fâcher avec les plus nombreux ?".

Cadeaux fiscaux avérés ou espérés pour les uns, ceinture pour les autres. Car enfin, il faut bien vivre avec le fichu pacte de stabilité et de croissance qui impose le retour aux normes : 3% maximum de déficit budgétaire par rapport au PIB et taux d’endettement de l’Etat de 60% du PIB au maximum, dès 2005.
Or, fin 2003, le déficit budgétaire a atteint 4,1%, et l’endettement de l’Etat est de 63% du PIB.

Pire : malgré les baisses d’impôts sur le revenu (qui favorisent les plus aisés) et les exonérations de charges, le taux des fameux prélèvements obligatoires est reparti à la hausse : 43,9% en 2003, contre 43,8% en 2002.
C’est que la fiscalité locale (plus dure pour les moins favorisés) prend le relais de la fiscalité nationale. Avec la décentralisation, ce basculement ne fait que commencer !

Que dire des régimes sociaux et en particulier de l’assurance chômage et de l’assurance maladie ? C’est dit : eux aussi contribuent au relèvement du taux des prélèvements obligatoires avec leurs déficits chroniques abyssaux qui ont provoqué, notamment, le relèvement des cotisations d’assurance chômage.
La situation financière de l’assurance chômage dépend très étroitement de la dégradation de l’emploi. Même la suppression en 2004 de 650.000 allocataires de l’assurance chômage - en raison de la diminution de la durée d’indemnisation - ne permettra pas de revenir à l’équilibre.

Les déficits de l’assurance maladie sont évidemment liés au manque de recettes résultant de l’accroissement du chômage officiel ou non : ceux qui sont rayés des listes ne cotisent pas plus que ceux qui y demeurent. Mais pour l’assurance maladie, il faut souligner la responsabilité de l’État qui ne prend pas en charge ce qui relève de la solidarité nationale et qui ne compense que partiellement (il manque 3 milliards d’euros par an en moyenne) les exonérations qu’il accorde aux employeurs dont on attend encore les contreparties en termes d’emplois créés.

Attention, ces mauvais chiffres pourraient aussi être considérés comme une aubaine par le gouvernement ! Il pourrait s’en servir pour justifier, après les élections régionales, un véritable programme d’austérité dont l’application serait particulièrement rude sur l’assurance maladie, soignée à coups d’ordonnances au cours de l’été prochain.

Il ne suffit pas en effet de continuer de prétendre que la croissance revient et qu’elle réglera tous les problèmes. Estimée à 1,7% pour 2004, celle-ci est maintenant considérée, à l’instar de son homologue américaine, sans effets notables sur l’emploi.

Pierre Gendre


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