RSTA et égalité sociale : la démission du quatrième pouvoir

8 mai 2009

Au milieu des années 80, la revendication de l’égalité sociale était une réponse à la parité sociale globale de la loi-programme de Bernard Pons. Elle était le moyen imaginé pour permettre aux défavorisés de ne pas être balayés par une grave crise qui s’annonçait. Elle se concentrait sur le salaire minimum et les allocations familiales dont l’alignement était demandé. Par la suite, certains ont fait de ce qui était une arme tactique, une stratégie. Dans la réalité, il est resté des poches « d’inégalités » : le RMI, hier, et, encore ces jours-ci, tout l’accompagnement social du logement ; plus particulièrement le forfait charge dont le principe d’un ajustement vient d’être acquis
Au moment de la création du RSA, arguant d’éléments spécifiques, le gouvernement a décidé d’une extension retardée au 1er janvier 2010 dans les DOM. Ce, malgré la protestation de nombreux élus. Ensuite, englué dans les conflits sociaux des Antilles et de La Réunion il a décidé de créer un RSTA (revenu supplémentaire de solidarité active). Par rapport au RSA, ce dernier serait moins profitable. « L’égalité sociale bafouée » titre donc un journal local qui pointe la responsabilité des politiques et des syndicalistes, coupables, selon lui, d’avoir laissé faire « ce retour de l’inégalité sociale ».
Il faudrait disposer de tous les éléments nécessaires pour une comparaison efficace. Le RSA ne concerne que les travailleurs ayant jusqu’à 1,04 SMIC tandis que le RSTA va jusqu’à 1,4 SMIC. Le RSA se calcule sur la base des revenus de la famille. Le RSTA est une allocation individuelle. On ne connaît pas tous les effets des deux allocations : le RSA ne remet-il pas en cause des acquis accompagnant le RMI ? Le RSTA est-il imposable ?
En tout cas, ce n’est que depuis la fin du mois d’avril, quand le gouvernement a mis en place un dispositif permettant de “tester” ce que représente le RSA qu’il est possible de faire des comparaisons. Au moment où le RSTA était installé, il était hasardeux de le faire. On ne peut donc critiquer élus et syndicalistes et leur reprocher ce qui apparaît aujourd’hui comme une évidence. Au pire, on peut dire que RSTA, à l’instar de la créance de proratisation par rapport au RMI, comble un vide et rétablit quelque peu une situation inégale
On notera que, comme les politiques et les syndicalistes le quatrième pouvoir, c’est-à-dire la presse, était logé à la même enseigne. C’est à partir d’informations récentes qu’il a pu se forger un jugement et se réveiller. On ne l’a pas vu crier au scandale et se mobiliser pour l’égalité sociale au moment où il était décidé une application retardée du RSA ni lors de la création du RSTA. Il était plus sollicité par la cavale de Juliano Verbard, la grippe porcine ou la polémique sur la MCUR. Dans ses éditions quotidiennes ou ses suppléments hebdomadaires, il consacre énormément de pages au premier monde. Depuis longtemps, il a abandonné le sort du second et laissé aux seuls politiques et syndicalistes le soin d’en parler et de se battre pour lui. Le quatrième pouvoir a démissionné de la bataille pour l’égalité sociale. A l’occasion, lorsqu’il sort de son sommeil, il s’en sert pour jouer les donneurs de leçons. Il est toujours facile de rester silencieux pendant une bataille et venir ensuite dire quelle était la bonne stratégie. Pour devenir roi, un borgne accuse toujours les autres d’être des aveugles.

MS

Lutter contre la vie chèreRSA - RSTA

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