« Salauds de chômeurs ! »

22 juillet 2004

Je m’attendais voir les syndicats et partis politiques monter au créneau comme un seul homme. Les enseignants, non préoccupés par leurs seuls intérêts catégoriels, descendre 3 mois dans la rue. Le PS, le PC, Lutte ouvrière et assimilés, et les associations de chômeurs, bannières au vent, refaire le 14 juillet 1789. Pour lutter, fusil au poing, contre l’indéfendable.
Je veux parler du nouveau régime d’indemnisation du chômage, mesure anti-sociale par excellence concoctée par Raffarin et ses séides. Au lieu de quoi nous avons droit à un silence assourdissant. En fait, tout le monde s’en fout. Ils sont chômeurs, ils ont tort d’être chômeurs, na !
Pourtant, le projet gouvernemental vaut son pesant de wasabi ! Qu’on en juge : Au bout de 6 mois (c’est long, très long, quand on n’a pas de quoi donner à becqueter à ses mômes !), le chômeur devra prouver qu’il a réellement cherché du travail. Sinonsa son zassedic i saute. Pendant 6 mois, il verra toutes les portes se fermer devant lui et devra fournir des certificats de "foutez-moi le camp !".
Vous voyez 36 patrons établir 36 attestations comme quoi, 36 fois de suite, ils auront répondu "Merde !" au bonhomme ? Passé ce délai, le chômeur devra accepter n’importe quel emploi ; y compris dans un domaine qui lui est totalement étranger ; pour un salaire moindre que celui qu’il percevait avant. C’est fort de café.
D’ailleurs, du café, notre pauvre bougre n’en boit plus depuis longtemps : son peu d’indemnités sert au lait matinal de ses mômes. La Sécu y gagne : il a aussi arrêté de fumer. Comme il n’a plus les moyens d’acheter des capotes, il ne tringle plus non plus : le SIDA ne passera pas par lui, youpi !
"Vous étiez professeur d’anglais dans le privé ? Parfait ! Vous êtes compétent pour nettoyer les water-closets de la Gare de l’Est !" L’ex-employé de Moulinex se retrouve sur un marteau-piqueur ; l’ancien comptable à la caisse d’un supermarché ; l’ingénieur en informatique fait la plonge dans un restaurant ; et votre serviteur se recycle dans le tir de précision... pour flinguer sans états d’âme ceux qui nous ont mijoté cette réforme dont le caractère humanitaire n’échappera à personne.
Le premier dans ma lunette de précision sera le sinistre patron du MEDEF, qui n’a pas osé ricaner vertement, pour une fois, mais n’en pense pas moins. M’énerve, celui-là. Il jubile parce que les autistes gouvernementaux font exactement ce qu’il souhaite ; mais ce sont eux qui portent le chapeau, pas lui. Voilà comment une "Éminence grise" écrit l’Histoire sans avoir l’air d’y toucher.
Ces nouvelles mesures anti-chômeurs reviennent, très clairement, à leur incomber la faute de leur situation. Il est bien connu, n’est-ce pas, que si une personne est au chômage, c’est qu’elle l’a voulu. Exactement comme les érémistes sont satisfaits de ne pas trouver de boulot.
Difficile de moins mépriser l’être humain qui, dit-on, est le reflet de Dieu. On ne les traite pas encore ouvertement d’imbéciles, de paresseux, de parasites sociaux. Encore un peu de patience, ça vient.
Je sais que la violence n’est pas une solution. C’est du moins ce qu’on nous serine à l’école et au catéchisme. Mais après tout, si Christ a chassé les marchands du Temple sans y aller avec le dos de la cuillère, nous avons là une caution morale de première bourre. Et des marchands, dans le temple de l’ultra-libéralisme, na in tas èk in paquet.
Certains vont finir par se demander si je travaille vraiment pour un maire de droite. Je confirme : c’est vrai. Parce qu’une noble composante de la droite s’appelle le gaullisme. La plupart de ceux qui s’y réfèrent n’en sont que de minables caricatures. Persiste et signe :

Jules Bénard,
(Saint-Pierre)


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