Sans changer de paradigme, bonheur impossible ?

13 janvier 2018, par François Maugis

L’Univers est peut-être un tout mais pour ce qui nous concerne directement, contentons-nous de notre univers à nous, bien visible, bien palpable et mesurable. Et on l’a mesurée dans tous les sens du terme, notre petite boule. L’amour, la vie, la mort, on sait tout de ce petit univers là. On appelle ça d’ailleurs, la mondialisation. C’est notre maison. On a donc tout intérêt à savoir si elle est durable, solide, vivable. Qui voudrait habiter une maison en ruine ? Le résultat de l’expertise, vous le savez, n’est pas fameux. Un vieux chef d’état aurait même dit : « La maison brûle et nous regardons ailleurs ». Et c’est vrai que, la plupart d’entre nous, le nez dans le guidon des soucis immédiats et quotidiens, n’ont pas trop le loisir de scruter autre chose que leur petit univers, somme toute, très circonscrit et très local.

Alors, des illuminés ont trouvé cette admirable formule : « Agir local, penser global ». Pourquoi ? Tout simplement parce que si plus de 7 milliards d’individus se mettent tous ensemble à taper sur la maison ou à jouer avec de allumettes, il est sûr que celle-ci courra un grave danger. Autrement dit, lors de chacune de nos actions, il serait bon de se poser la question : « Est-ce que je participe au bon entretien de ma maison ou à sa destruction ? ».

OK, bonne initiative. Mais examinons maintenant l’aspect pratique de cette belle idée et quelques exemples d’actions que l’on pourrait qualifier de vertueuses. Vous verrez que, ce que vous aimez tant, la liberté, la démocratie, etc, sont alors mises à rude épreuve.

-  Tout le monde est d’accord pour dire que, sur notre planète, l’alcool fait énormément de ravages et perturbe gravement le bon fonctionnement de la tribu humaine. Mais si demain, une autorité décidait de contrôler très sévèrement sa consommation, je doute que cette mesure vertueuse soit acceptée.

-  Si l’on supprimait tous les métiers et toutes les activités inutiles ou qui ne participent pas à la santé, au bonheur et à l’équilibre des humains (ce qui permettrait de libérer l’homme du travail), je doute que cette décision vertueuse soit acceptée.

-  Si, dans un souci de santé publique, on interdisait à tous les être valides d’utiliser un transport public ou privé pour les petites distances, croyez-vous que cette vertueuse décision ait une chance d’être appliquée ? (N’oublions pas que la sédentarité est le mal du siècle et l’origine du déficit de la Sécurité Sociale).

-  Si l’on demandait à tous nos médecins de s’occuper de notre santé avant notre maladie, autrement dit, de ne prescrire aucuns poisons médicamenteux avant d’avoir expliqué au patient comment ne pas être malade, croyez-vous que cette vertueuse disposition soit envisageable ?

-  Si pour équilibrer notre économie et permettre à tous les citoyens d’une région d’avoir une activité utile à sa communauté, on limitait les importations, cela serait vertueux, mais est-ce envisageable ?

-  Si aux particuliers comme aux états, on interdisait un endettement excessif, croyez-vous que cette mesure vertueuse soit applicable ?

-  Etc.

Et puis, à supposer que toutes ces décisions soient prises, comment les faire appliquer sans provoquer la colère de certains, colère qui, on le sait, peut rapidement se transformer en révolution.

Conclusion : Quoi qu’en disent certains prophètes, un monde serein, équilibré et heureux est et sera toujours impossible. Et ceux qui croient au paradis sur Terre plutôt qu’à l’apocalypse, ont tout faux. Malheureusement.

Mon dieu que j’aimerais me tromper.

François-Michel Maugis – La Réunion
Économiste, écrivain et philosophe


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