
Turbulence à la Mairie de Saint-André
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14 mars 2005
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La ségrégation territoriale enferme les individus dans un dégradé de contextes hermétiques. Pour expliquer cette situation, il faut tenter de donner un contenu plus précis aux interactions de voisinage et aux effets de contexte par lesquels et pour lesquels semble s’organiser la lutte pour le territoire. Car, de deux choses l’une : ou bien ces interactions ont peu d’effets réels et la lutte sociale repose alors le plus souvent capitales pour le destin des individus et, d’une certaine manière, on aura raison de se battre pour elles tant que les politiques sociales n’y auront rien changé. Ce sont ces questions que je me pose à présent.
La mixité sociale représente une valeur et un objectif à peu près unanimement partagés, en tout cas parmi les politiques et les intellectuels. Pour autant, les comportements résidentiels, y compris et surtout ceux des élites du pays sont en opposition avec cet objectif. Comment réconcilier nos choix avec des principes auxquels nous croyons, je pense, avec sincérité ? Je ne vois pas d’autres chemins pour dépasser nos contradictions que d’essayer de donner un contenu le plus précis possible à ce terme de mixité.
Quelles seraient les conséquences pratiques d’une plus grande mixité ?
De quel point de vue et, surtout, selon quelles modalités un supplément de mixité est-il réellement souhaitable ?
Ces questions relèvent toute leur complexité. Pour fixer les idées, imaginons une société peuplée pour moitié de familles pauvres et pour moitié de familles riches. Supposons que le quartier de résidence n’a en lui-même aucun effet sur les destins individuels et que seul compte pour les enfants, la richesse (ou la pauvreté) de leurs parents. Dans ce cas, les seules politiques pertinentes sont la politique de gauche et d’aide aux familles défavorisées et il y a par construction, aucun effet à attendre d’une politique de mixité sociale dans les quartiers, en tout cas pas sur l’échec scolaire. Lorsque le quartier et l’environnement social n’ont pas d’effet sur les destins, la mixité ne représente pas un enjeu réellement décisif. C’est bien l’existence ou l’absence d’effets de contexte qui détermine la plus ou moins grande importance de la mixité pour l’avenir d’une société.
Supposons maintenant que le quartier dans lequel on grandit a également son importance propre. Premier cas envisageable, seuls les enfants des classes aisées sont influencés par le quartier dans lesquels ils grandissent. Adoptons même une hypothèse un peu extrême : les enfants des classes modestes échouent systématiquement quel que soit leur quartier, tandis que ceux des classes aisées ne réussissent que dans la mesure où ils sont dans un quartier majoritairement peuplé de familles aisées. Dès l’instant où on les immerge dans un quartier déshérité, ils en subissent l’influence et échouent également. Dans cette hypothèse, la mixité sociale doit être évitée puisqu’elle entraîne l’échec d’une partie des enfants de familles aisées sans jamais favoriser la réussite des autres. L’espoir ne peut venir que de l’amélioration d’existence des familles pauvres et de leur progressive migration vers les quartiers aisés.
Le second type envisageable est le symétrique du précédent : seuls les enfants des classes modestes sont réellement influencés par le quartier dans lequel ils grandissent. Les enfants des classes supérieures réussissent systématiquement, dans n’importe quel contexte, tandis que les enfants de classes modestes n’évitent l’échec que dans la mesure où ils grandissent et interagissent dans un quartier majoritairement peuplé de familles aisées. En d’autres termes, ce n’est que dans la mesure où ils sont entourés d’une majorité d’enfants en réussite, que les enfants pauvres peuvent surmonter l’influence de leur environnement familial et réussir à l’école. Dans cette hypothèse, la mixité sociale doit être recherchée puisqu’elle peut favoriser la réussite d’un nombre important d’enfants d’origine modestes sans jamais nuire à la réussite des enfants favorisés par la naissance. Toute politique sociale permettant à cette société de passer du régime de ségrégation à celui de mixité sociale améliore simultanément le niveau général de réussir et l’égalité devant la réussite, c’est-à-dire cumule justice et efficacité.
Il va de soi que la réalité se situe quelque part entre ces différentes situations théoriques. Mais nous n’avons aucune idée précise de l’endroit exact où il faudrait placer le curseur, ni donc du type de société vers lequel il faudrait essayer de progresser. Les efforts déployés par les familles aisées pour se protéger du voisinage des classes moyennes et modestes démontrent que le contexte revêt pour ces familles une importance considérable. Mais cette perception repose-t-elle sur une analyse objective de la situation ou bien ne s’agit-il que de fantasmes ? S’il ne s’agit que de fantasmes, alors la mixité sociale n’est pas vraiment la condition d’une bonne politique d’éducation et d’intégration, et son principe devient difficile à défendre. Si au contraire les familles sont objectivement fondées à préférer certains voisinages, alors sans doute certaines formes de mixité seront souhaitables, le problème devenant d’identifier lesquelles, puis de les atteindre sans les imposer, en faisant intégrer les avantages indirects aux familles concernées.
Cette question est évidemment très complexe. Dans leurs choix privés pour le logement ou l’éducation des enfants, les familles prennent en compte l’influence que les autres familles du voisinage peuvent exercer sur leurs enfants, mais pas l’influence qu’elles exercent elles-mêmes en retour sur les enfants de ces autres familles. Quel parent dont les enfants réussissent accepterait de les placer volontairement dans un établissement difficile pour la seule raison que cela serait susceptible de tirer vers le haut les enfants de cet établissement ? C’est la raison fondamentale pour laquelle il n’est bien souvent pas possible d’atteindre spontanément sans coordination collective ce qui constituerait pourtant d’un point de vue social une forme d’optimum inégalité faible réussite globale forte. Pour reprendre un de nos exemples canoniques imaginons de nouveau un monde où les enfants pauvres bénéficient beaucoup du voisinage des enfants riches sans vraiment leur nuire en retour ; une société de ségrégation, tant du point de vue des inégalités que du point de vue des résultats globaux. Mais la société en question peut néanmoins rester piégée dans une situation de forte ségrégation puisque les riches n’ont aucune incitation privée à aller habiter au milieu des pauvres.
Comment faire passer cette société imaginaire qui a tous les traits de la nôtre de son régime de ségrégation à un régime de mixité ?
La réponse à cette question passe, je pense, par un effort de compréhension et de mesure des effets de contexte qui semblent au principe des tensions ségrégationnistes enfouies en chacun de nous.
Guilbert Soupin-Coulin
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