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17 mars 2006
"Au moment où, pour la première fois en France s’ouvre un large débat public sur les traces contemporaines de l’esclavage et du colonialisme, la portée historique et politique des écrits d’Aimé Césaire prend un relief tout particulier" : c’est ainsi qu’est présenté le livre "Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre je resterai, entretiens avec Françoise Vergès", récemment publié par Albin Michel dans la collection "Itinéraires du savoir" disponible dans les librairies de La Réunion.
Considérant que l’œuvre poétique du "père de la négritude" et son rôle politique dans l’approche du colonialisme et de l’esclavage sont sous-estimés et sous-évalués en France, l’historienne Françoise Vergès a cherché à sa manière à combler ces lacunes en allant à la rencontre de l’ancien député-maire.
Ce livre qui ne comporte que 150 pages est cependant d’une rare densité. De nombreux thèmes y sont abordés : la relation de Césaire avec la Martinique, sa conception de la négritude, la problématique des droits de l’Homme, la question identitaire, sa vision du colonialisme français, de l’esclavage, etc... À chaque fois où cela lui est possible, c’est par des citations extraites de son œuvre poétique ou théâtrale qu’Aimé Césaire illustre son propos. À propos de la place et du rôle de la colonie dans l’élaboration de l’identité nationale française, de la doctrine républicaine et de l’image que la France se donne à elle-même, il note : "la colonie en tant que telle est constitutive de la nation française, elle n’en est pas un surcroît ou son ailleurs déraisonnable. Le colonial a trop longtemps été compris comme l’exception alors qu’en réalité, il modèle le corps même de la République". Aimé Césaire se revendique comme un "indépendantiste" : "comme tout Martiniquais, je crois à l’indépendance, mais encore faudrait-il que les Martiniquais le veuille vraiment ! Selon eux, l’indépendance, c’est pour les autres, mais pas pour l’instant".
L’auteur de "Cahiers d’un retour au pays natal" accorde rarement des entretiens où son œuvre littéraire sert de grille de lecture à son action politique. "Nègre je suis, nègre je resterai" sera sans aucun doute lu, décortiqué, analysé par tous ceux et toutes celles qui - à l’image de Françoise Vergès - sont passionnés par Aimé Césaire.
Mais l’actualité du 60e anniversaire de la loi du 19 mars 46 oblige, retenons ce qui est dit à ce propos par l’ancien maire de Fort-de-France et sur la manière avec laquelle il met en perspective les choses : la revendication de "départementalisation" et, un peu plus tard, celle de l’autonomie, notamment.
À la question, "Le 19 mars 2006, cela fera 60 ans que les 4 colonies post-escalavagistes (Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion) devenaient des départements. Vous étiez le rapporteur de cette loi. On vous a beaucoup reproché, comme on l’a aussi beaucoup reproché aux autres élus de ces colonies d’avoir favorisé l’assimilation, la dépendance", Césaire répond : "Quelle était la situation auparavant ? Une misère totale : la ruine de l’industrie sucrière, la désertification des campagnes, les populations qui se précipitaient sur Fort-de-France et jouaient aux squatters en s’installant comme elles le pouvaient sur n’importe quel bout de terre. Que faire ? Les préfets n’avaient qu’une idée, leur envoyer la police. Eh bien, nous, nous avons choisi de nous intéresser à ces gens-là. En tant qu’intellectuel, j’avais été nommé par une population qui avait des idées, des besoins et des souffrances. Le peuple martiniquais se fichait de l’idéologie. Il voulait des transformations sociales, la fin de la misère". L’ancien député explique : "La thèse officielle disait : “Vous êtes Français”". Donc, si nous sommes Français, donnez-nous le salaire des Français, donnez-nous des allocations familiales, etc... Comment résister à cette logique ?"
Par la suite, Césaire s’entendra avec Raymond Vergès et Rosan Girard, député de la Guadeloupe pour "présenter une proposition de départementalisation". "J’ai été le premier à avoir employé le mot “départementalisation” plutôt qu’“assimilation”, même si depuis près d’un siècle, des campagnes étaient menées en faveur de l’assimilation", ajoute Aimé Césaire pointant ainsi du doigt la grande manipulation, la supercherie de ceux qui ont dévoyé le contenu social de la "départementalisation" pour lui donner la couleur d’une assimilation culturelle et identitaire.
"Jamais loi n’a été aussi populaire : en devenant Français à part entière, nous bénéficierions des allocations familiales, des congés payés, etc... ; les fonctionnaires eux-mêmes étaient intéressés par l’aspect social", note Césaire. Celui-ci ajoute : "Chose curieuse, il y a eu des réticences dans le gouvernement et même parmi les Blancs. Ils ne savaient pas comment justifier un refus à notre demande. Ils ont résisté tant qu’ils on pu, puis, à contrecœur, morceau par morceau, ils ont dû lâcher du lest. Mais nous avons mis près de 10 ans avant d’obtenir des réalisations concrètes !".
Le poète et homme politique martiniquais dit avoir cependant ressenti une lacune dans sa démarche : "J’avais en tête la chose suivante : mon peuple est là, il crie, il a besoin de paix, de nourriture, de vêtements, etc... Est-ce que je vais faire de la philosophie ? Non" Oui, mais voilà, je me disais par ailleurs : "Cela résout un problème immédiat, mais si nous laissons faire, tôt ou tard surgira avec violence un problème auquel ni les Martiniquais, ni les Guadeloupéens, ni aucun Antillais n’a jamais pensé : le problème de l’identité. "Liberté, égalité, fraternité" prônez toujours ces valeurs, mais tôt ou tard, vous verrez apparaître le problème de l’identité. Où est la fraternité ? Pourquoi ne l’a-t-on jamais connue ? Précisément parce que la France n’a jamais compris le problème de l’identité".
C’est sans doute sur cet aspect que la bataille d’Aimé Césaire et celle des Antillais d’une manière plus générale diffère de celle des Réunionnais : en raison de situations sociales et historiques différentes, les premiers, sous l’impulsion de Césaire notamment, ont pris en compte le contenu identitaire dans la revendication de la "départementalisation" tandis que les seconds mettaient plus l’accent sur ses dimensions sociale et économique.
Constatant un échec de la "départementalisation" et l’émergence d’un débat entre "assimilation" et "indépendance", Aimé Césaire indique qu’il a souhaité dépasser ces 2 notions pour arriver à "une formule, plus-vaste, plus humaine et plus conforme à nos intérêts" : celle de l’autonomie, "c’est-à-dire avoir sa spécificité, ses formes institutionnelles, son propre idéal, tout en appartenant à un grand ensemble".
Commentant dans sa postface les propos d’Aimé Césaire, Françoise Vergès estime que la loi de 1946 exprime une "demande d’égalité". "Cette relecture de la loi de 1946 se dégage de la problématique dominante selon laquelle la décolonisation doit se traduire par la création d’un État-nation. La question posée par les "vieilles colonies" est la suivante : “Vous avez affirmé le droit naturel à l’égalité à travers l’affirmation “tous les hommes naissent libres et égaux en droit”, que vous avez toujours voulu universelle. Mais, outre le maintien d’un état d’exception dans vos colonies, vous avez en 1848 reconnu formellement notre égalité en tant que citoyens, sans la reconnaître dans les faits. Alors, si nous sommes vos égaux, mais que nous sommes exclus des droits qui s’attachent à cet état, qui êtes-vous ?". En d’autres termes : "quelle est cette égalité universelle qui ne s’appliquerait qu’à certains individus, quelle en serait la justification sinon que l’égalité n’est pas un principe universel mais toujours soumis à l’exception ?".
On comprend pourquoi, mis dans l’incapacité de répondre à cette question, ceux qui se présenteront un peu plus tard comme les partisans de la départementalisation vont vider la revendication de tout son contenu de progrès social pour en faire un outil visant "à homogénéiser les individus" pour "effacer les particularismes", comme l’écrit Françoise Vergès. "L’inaccomplissement de 1946 renvoie au cœur sombre de la démocratie, ce qu’elle cache, mais qui la rattrape : la notion de race. C’est cette impasse théorique où se trouve une pensée française, qui peine à donner "droit de cité" aux savoirs produits par les peuples anciennement dominés qui fait obstacle en 1946 à une demande de démocratisation", écrit l’historienne.
Cette impasse conduit aux débats récents sur les supposés bienfaits de la colonisation tandis que c’est bien au nom d’un racisme et dans la logique d’une départementalisation non accomplie qui ne voulait pas dire son nom qu’on voulait imposer aux Antillais, Guyanais et Réunionnais la parité globale. La bataille pour l’égalité lancée depuis que le mot d’ordre de "Réunion, département français" est apparue ne s’est pas achevée en 1946. Elle s’est poursuivie plus de 40 ans plus tard et reste d’actualité. Notamment à travers la revendication de la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité ou encore avec l’affirmation d’une unité réunionnaise à tisser entre toutes les civilisations qui ont œuvré à faire émerger au monde une île sans pareille : La Réunion.
"Nègre je suis nègre je resterai" peut se dévorer tant sa lecture est facile. Puis il se relit page après page, paragraphe après paragraphe pour découvrir toute sa richesse et ces problèmes qui nous renvoient tout à la fois à notre présent, notre passé et notre avenir.
Jean Mascarin
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