Combien de temps encore allons nous ajourner l’inévitable ?

Sortir La Réunion du ’fénoir’ plutôt que faire le paon pour une candidature

1er août 2006

L’écologie n’est pas, à proprement parlé, une idéologie. On devrait plutôt rattacher ce terme à une science, la science étudiant les relations des êtres vivants entre eux et avec leur environnement. Le terme “écologie” vient du grec oikos (“habitat”) et logos (“science”, “connaissance”) : c’est la science de la maison, de l’habitat. Il fut inventé en 1866 par Ernst Haeckel, Biologiste allemand pro-darwiniste. A-t-on jamais construit une société sur les bases d’une science ? Peut ont bâtir un avenir pour les hommes avec pour seule idéologie l’écologie ? Ce serait un non-sens et pourtant certains, surfant sur les modes, nous promettent un gouvernement écolo. Un parti écologiste ne pourrait qu’aspirer à un seul poste ministériel, celui de l’environnement. Il faut renvoyer dos-à-dos les Verts, Cap 21, Confédération des Écologistes Indépendants (CEI) Mouvement Écologiste Indépendant (MEI) etc... Lorsque, avec quelques amis, nous avons quitté les Verts pour fonder le MGER, nous avons pris conscience que l’écologie politique devait prendre un virage et ne devait plus être traitée comme une idéologie mais bien plus comme la composante d’un parti.
Certains vont dire que je renie mes idées, et pourtant non, la seule idée qui m’a toujours animé c’est que l’environnement aurait dû et doit être parti prenante dans tous les programmes politiques progressistes. Cette réflexion, je l’ai eue depuis mes débuts en politique, mais à cette période, la plupart des partis conventionnels de gauche se souciaient comme d’une guigne des problèmes environnementaux. C’est en 1974, avec la candidature de René Dumont, que le monde politique découvrait les dangers qu’une société de consommation faisait courir à notre environnement et, par conséquent, hypothéquait la survie de l’espèce humaine sur cette planète. C’est le discours de René Dumont qui a fait délaisser à bon nombre d’entre nous la gauche révolutionnaire pour suivre la voie de l’écologie.
Le MGER se devait être ce parti qui, au niveau régional, intégrerait une force progressiste apportant une sensibilité environnementale. Juste avant les dernières élections régionales, c’est l’appel que j’ai fait à la constitution d’une Confédération des Gauches qui a produit le clash avec les intégristes Verts. Après ce texte, l’Alliance s’est constituée pratiquement en même temps que le MGER, et c’est tout naturellement que notre mouvement s’est greffé à cette entité qui voulait rassembler les forces progressistes pour porter un projet réunionnais. Un projet réunionnais est une évidence pour un parti qui se veut réunionnais. L’idée n’est pas, bien entendu, de séparer le devenir de La Réunion du devenir national, mais est-il raisonnable de concevoir une politique de développement d’une région située à 10.000 kilomètres de son point de réalisation ? Seuls les opportunistes et les démagos de la politique peuvent l’affirmer et ils sont légion dans notre île.
La Confédération des Gauches réunionnaise est encore à réaliser, le chantier a été ouvert avec la constitution de l’Alliance qui est la première pierre d’un mouvement progressiste intégrant une vision régionale de la politique. N’est-ce pas la conception la plus noble de la politique que de vouloir participer à un projet de développement qui valorise l’Homme et intègre une vision pour son avenir dans son environnement le plus proche ? Alors, si l’on est plusieurs à partager cette réflexion, la sortie du “fénoir” se rapproche, et sans jamais renier, ni trahir chacun des idéaux qui nous animent, nous pouvons concevoir un projet réunionnais en fédérant des idées qui, parfois, pourraient nous sembler bien éloignées des nôtres.
Je suis un révolutionnaire, et Simon Bolivar disait : "Servir une révolution, c’est labourer la mer". Mais que signifie être révolutionnaire ? Est-ce militer dans un parti prétendu comme tel et attendre le grand soir ? Est-ce ressasser les vieilles idées d’un monde égalitaire sans prendre en considération le mouvement et les évolutions de notre humanité qui, inéluctablement, se veut en marche pour le progrès et le bien-être de l’Homme ? Je suis un révolutionnaire entriste, car on ne fait pas la révolution seul dans un coin. Être révolutionnaire c’est vouloir changer la société, la bousculer, et l’on ne peut le faire qu’en participant au pouvoir. En tant que révolutionnaire, j’évolue en conscience et non en inconscience, car vouloir révolutionner, c’est ne pas être statique et se complaire dans une idéologie simpliste et éculée par une impression de lassitude. Homme de Gauche, révolutionnaire, entriste, je me dois de militer pour que l’Homme sorte vainqueur de la bataille des idées. Et ce n’est pas dans un repli sur soi-même, dans une soupe gaucho archaïque, que nous gagnerons la guerre des préjugés, mais c’est en s’ouvrant au monde, comme je l’ai dit plus haut, en labourant la mer.
Alors maintenant que nos consciences sont ouvertes, alors que nous voyons clair dans les marigots des pensées, il est temps de travailler à une société juste, vivable et qui intègre l’environnement dans lequel doit évoluer un Homme debout. Ce travail doit se faire dans une communauté de vues avec les progressistes. Les révolutions ne se mènent plus avec des armes conventionnelles. Des femmes et des hommes l’ont depuis bien longtemps compris, ils travaillent dans des partis, dans des associations. Ce sont ceux qui s’investissent pour sortir La Réunion du "fénoir" plutôt que de faire les paons pour une candidature, ce sont eux les révolutionnaires du 21ème siècle.

(À suivre...)

Guy Ratane-Dufour
http://www.espaceblog.fr/ratane/


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