COURRIER DES LECTEURS

« Sur les chapeaux de roue »… ou les rapprochements qui tuent

Israël - Irak : pris dans la presse…

20 mars 2003

Lu dans "le Quotidien" du lundi 27 janvier 2003 à propos des élections législatives en Israël : « Le Likoud (le parti du Premier ministre Ariel Sharon) veut donc faire le plein de ses voix et ACHÈVE SA CAMPAGNE ÉLECTORALE SUR LES CHAPEAUX DE ROUE ».

Un peu plus haut, dans la même page, on trouve : « Proche-Orient : douze Palestiniens tués à Gaza » et, sous le titre « Opération sans précédent depuis 1994 », cet extrait d’article : « Douze Palestiniens ont été tués et une soixantaine blessés dans la nuit de samedi à dimanche en plein Gaza (…). L’opération, baptisée "fer brûlant", a été déclenchée à deux jours des élections législatives en Israël, pour laquelle le parti Likoud (droite) est donné vainqueur par les sondages ».

Pour être vraiment éclairé sur ce "fer brûlant" pré-électoral, il ne nous reste plus qu’à boire les paroles du brigadier général israélien Gadi Shami : « L’opération de Gaza n’a pas le moindre rapport avec le scrutin en Israël ». S’il le dit…

Des preuves ? Quelles preuves ? Comme en 1990 ?

C’est pareil pour Bush. S’il dit et répète comme un forcené qu’il a des preuves - des preuves de la fabrication par l’Irak d’armes de destruction massive -, c’est que ça doit être vrai. Vrai de vrai. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer…

Mais c’est à cet instant qu’il faut nous RÉVEILLER… et nous rappeler fort opportunément que lors du dernier trimestre de l’an 1990, à la veille de l’offensive de Bush père contre l’Irak (janvier 1991), les Américains avaient déjà fourni au Conseil de Sécurité et à leurs "alliés" des preuves irréfutables.

Des photos prises de satellite démontraient la réalité d’un déploiement gigantesque d’une armée irakienne à la puissance monstrueuse. OR CES DOCUMENTS SE SONT AVÉRÉS AVOIR ÉTÉ FORGÉS DE TOUTES PIÈCES PAR L’ADMINISTRATION U.S.

À ce sujet, il faut avoir vu le documentaire d’Audrey Brohy "Les dessous de la guerre du Golfe" programmé le jeudi 9 janvier dernier sur Tempo (à une heure de grande écoute s’il vous plaît !). Des journalistes ont eu le courage de faire leur travail jusqu’au bout en résistant à toutes les pressions, en perçant les murs du silence et du mensonge.

Les photos satellites étaient des documents trafiqués, des faux. Et les "alliés" avaient emboîté le pas du gendarme du monde en se contentant de cette imposture. Ce fut le temps des bombardements "chirurgicaux", de l’écrasement de tout un peuple.

« Mais pourquoi nous haïssent-ils tant ? »

Ce temps est de retour. Les acteurs sont les mêmes. La tragédie frappe à nouveau ses trois coups, sur fond de contrôle accru des ressources pétrolières. Et aujourd’hui à nouveau, comme son père, Bush junior annonce des PREUVES infaillibles : « Les Etats-Unis vont demander au Conseil de Sécurité de se réunir le 5 février pour examiner des preuves montrant comment l’Irak continue de défier le monde » (discours du 28 janvier sur l’état de l’Union).

Quel genre de preuves ? « Des éléments provenant du renseignement sur les programmes illégaux d’armements de l’Irak, ses tentatives pour cacher ces armes aux inspecteurs… ».

On notera le double jeu de Bush, qui prive les inspecteurs de l’ONU des preuves qui sont censées être en sa possession : "On connaît des choses, mais on ne vous les donnera que plus tard, à l’heure où nous serons déjà quasiment entrés en Irak" !… (1).

Et quel autre genre de preuves ? « …des preuves aussi sur les liens de l’Irak avec des groupes terroristes ».
Ces preuves, le chef du gouvernement britannique Blair lui-même - l’ombre portée de Bush sur la scène internationale - ne semble pas en avoir saisi tout le poids, puisqu’il a déclaré devant la Chambre des Communes : « Nous ne sommes pas certains de l’ampleur exacte de ces liens »… !

Opposants à la frénésie guerrière de l’impérialisme américain, allons-nous assister impuissants et écœurés à la même intoxication qu’il y a douze ans, poussée à son extrême ?

Allons-nous continuer à subir ces dirigeants de la "coalition", fascinés par la puissance yankee, déjà convaincus de l’inévitabilité d’une guerre, mais qui - pour sauver la face devant leur opinion publique plutôt hostile, elle, à la guerre - font semblant de demander à Bush "des preuves ! des preuves !" ? Des "preuves" qu’ils seront empressés de considérer comme argent comptant pour donner le feu vert dérisoire dont Bush dit chaque jour qu’il n’a pas besoin pour larguer le déluge assassin…
Et le même Bush de se demander : « Mais pourquoi nous haïssent-ils tant ? ».


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