’Taxe Chirac’ : La Réunion attend sa part

12 juillet 2006

Après de nombreuses péripéties, la “taxe Chirac” est entrée en vigueur. Instituée pour aider les pays pauvres, son objet et ses modalités ont évolué avec le temps. Au départ prévu comme moyen supplémentaire pour le développement, elle devait ensuite être consacrée à soutenir la lutte contre plusieurs grandes épidémies (SIDA, paludisme, tuberculose) pour servir au final à l’achat de médicaments.
La France n’innove pas. Depuis 2002, un Fonds mondial a été mis en place pour lutter contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Le Royaume Uni, pour sa part, rassemble ses taxes aériennes en un fonds servant à l’aide au développement !
Seulement quelques pays suivront l’exemple français. La mesure est mal acceptée par les compagnies et par de nombreuses ONG qui auraient préféré d’autres solutions. Ne peut-on pas agir autrement pour faire baisser le prix des médicaments ? Les bénéfices de l’opération compléteront-ils ou se substitueront-ils à l’aide au développement existante ?
Dans le projet initial, l’Outre-mer n’était pas concerné. Puis il avait été question de taxer seulement les billets Paris/Outre-mer ou encore les classes supérieures. Au final, le système prévu pour les vols nationaux et européens (prélèvement de 1 euro par passager en classe économique et de 10 euros en classe affaire et en première) sera étendu aux DOM-TOM.
Ce nouveau prélèvement va s’ajouter à de nombreuses taxes et redevances.
En plus du prix du billet proprement dit, il existe une série “suppléments” : taxes ou redevances d’aéroports, surcoûts d’assurances sécurité, surcharges carburant, redevances pour l’État, taxes pour l’Aviation civile, et chez certaines compagnies, des frais pour paiement par cartes de crédits ainsi que des frais de dossier.
Pour prendre un exemple actuel (emprunté au site Lastminute.com), pour un aller-retour Paris/Réunion (départ le 30 juillet et retour le 14 août) sur le tarif le moins cher (1.000 euros) s’ajoutent : 163,24 euros de taxes diverses, 20 euros de frais de dossier, 30 euros d’assurances et 2 euros de “taxe Chirac”. Au total, le billet coûtera 1.215, 24 euros. Les "surcharges" (total 215, 24 euros) auront contribué à augmenter le prix de base du billet de 19,56%. En basse saison et sur les tarifs promotionnels, elles pèsent un peu plus.
En 2005, sur les 1 million 686.764 passagers qui sont partis de La Réunion ou y sont entrés, 932.483 ont fréquenté la liaison avec la Métropole. À supposer que ce nombre reste le même en 2005 et après, le trafic avec l’Hexagone rapportera annuellement autour de 930.000 euros au titre de la "taxe Chirac". Soit un peu plus que le Téléthon local (autour de 700.000 euros).
En référence au Téléthon, justement, toutes les recettes de la "taxe Chirac" sur la ligne Réunion-Métropole seront-elles adressées au "national" qui les géreront ? Ou bien une partie sera reversée à La Réunion comme soutien à toutes les actions de développement qu’elle mène dans le Sud-Ouest de l’océan Indien dans de nombreux domaines et souvent sur ses fonds propres ? Ne dit-on pas que notre île est la "frontière active" de la France et de l’Union européenne dans sa région ? Cela suppose qu’on lui donne les moyens de jouer ce rôle. Quel quota de la "taxe Chirac" lui sera reversé ?

Marc Santos


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