Télé-Réunion et la position erronée d’Annette

22 mai 2006

Mercredi 17 mai, à la veille de l’arrivée du Premier ministre, Télé-Réunion, dans son journal du soir, a passé en revue plusieurs problèmes réunionnais.
Une émission a été consacrée aux difficultés dans le logement social. Seul le responsable socialiste Gilbert Annette a eu la possibilité de donner son point de vue.
Le choix de Télé-Réunion de privilégier un unique intervenant est d’autant plus critiquable que sur cette question du logement social, une réelle unanimité existe à La Réunion tant dans le constat des carences que dans les propositions à faire. En mai 2003, l’ensemble des partenaires du secteur collectivités, aménageurs, constructeurs définissaient une charte de l’habitat qui était adressée au gouvernement et qui n’a toujours pas été suivie d’effet.
Le choix de Télé-Réunion est d’autant plus surprenant que l’argumentation de Gilbert Annette n’est pas solide.
Se référant à l’achèvement du basculement des eaux et à la construction de la route des Tamarins, le secrétaire du PS appelle à la création d’une structure qui veillerait à éviter une spéculation sur le foncier concerné par ces deux projets. Il faut une intervention de la puissance publique, a-t-il dit, pour faire des réserves de terrains qui pourront être utilisés pour la construction de logements sociaux.
Le hic, est qu’une telle structure existe déjà. Il s’agit du FRAFU (Fonds régionaux d’aménagement foncier et urbain) mis en place en 19% à La Réunion avant d’être étendu à l’ensemble des DOM à partir de 1999. Le FRAFU est « un dispositif de concertation et de coordination entre l’État, le Conseil régional et le Conseil général, qui s’engagent financièrement et de façon pluriannuelle à aider les communes et les opérateurs à produire davantage de terrains aménagés en vue de favoriser la construction de logements sociaux ».
Le problème est venu du fait que les financements ont manqué et manquent toujours au FRAFU.
Sans doute la responsabilité première du manque de foncier incombe aux communes qui ont été incapables de se constituer des réserves. La Charte de I’habitat de 2003 pointait au nombre des difficultés, le fait que, « compte tenu de leur histoire et de leur jeunesse, les communes de La Réunion sont confrontées, en plus des besoins liés à l’évolution démographique, au problème de mise en œuvre simultanée » : du rattrapage en termes d’équipements structurants d’infrastructures et de superstructures (équipements scolaires, sportifs, de loisir, culturels, administratifs) : de l’équipement des quartiers existants : de la résorption de l’habitat insalubre et de la reconquête des centre-villes. « Elles sont donc dans l’incapacité de financer les études urbaines, le foncier, l’aménagement des terrains et la réalisation des équipements de proximité comme l’ont été les communes de France métropolitaine après la deuxième Guerre mondiale », notaient les auteurs de la Charte.
Pour que sa proposition soit plus responsable, Gilbert Annette aurait dû la compléter en précisant quels financements il préconise. Et comme le PS est en train de préparer son projet politique pour 2007, quels engagements lui et son parti pourraient prendre à ce sujet ?
Un dernier aspect : on ne peut laisser entendre que la réalisation du basculement et de la route des Tamarins pourront être les principales causes pour ne pas dire les uniques raisons de l’inflation du coût du foncier dans les régions concernées. C’est oublier que l’augmentation du prix du terrain est généralisé dans toute La Réunion. Un journal local a publié récemment des données qui démontrent que le phénomène a gagné toutes les communes de l’île même si son ampleur diffère d’un coin à l’autre.
Mettre l’accent sur les deux seuls projets cités conduit bon gré mal gré à ne pas prendre en compte tous les facteurs conduisant à l’augmentation du prix du foncier. Faute d’une analyse pertinente, on ne peut que taire des propositions partielles, incomplètes.
La question du foncier ne se pose pas uniquement pour la construction de logements sociaux ; il manque de terrains pour les grands équipements, pour l’installation d’entreprises, etc... Le problème doit être réglé à l’échelle de I’île et non pour les seules zones concernées par le basculement et la route des Tamarins.
Il est dommage que Télé-Réunion n’ait laissé s’exprimer qu’un seul point de vue, lequel est sujet à caution.

Emmanuel Thémyr


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